Si vous avez lu l’idée fausse #11, vous savez que non seulement les consommateurs de bio ne sont pas tous véganes, mais aussi que les fermes bio conjuguent souvent culture et élevage.
Pour être précis : en 2024, on comptait 17 981 fermes bio avec de l’élevage (hors apiculture), soit 29 % des fermes bio. La surface agricole utile (SAU) dédiée à l’élevage représente 61 % de la surface bio totale, si l’on tient compte à la fois des prairies et des cultures destinées à l’alimentation animale.
Il y a donc de la viande bio, oui ! Mais il est vrai qu’hormis les steaks hachés bio, elle reste peu visible en grande distribution. Vous en trouverez en revanche dans les boucheries, les enseignes bio, les restaurants… et à la ferme, où l’on vous servira tous les morceaux – car rappelons-le, le bio lutte inlassablement contre le gaspillage, et pour la diversification de l’alimentation !
L’élevage bio est strictement encadré pour garantir le respect du bien-être animal, les besoins physiologiques des bêtes et le respect de leur cycle naturel de développement.
Le cahier des charges prévoit notamment que les animaux soient élevés en plein air, avec pâturage obligatoire pour les vaches dès que les conditions météo le permettent, et qu’ils soient nourris à 100 % en bio (dont 70 % d’aliments produits sur la ferme ou dans des fermes bio du secteur, pour les ruminants et 30 % pour les porcs et les volailles, pour se dispenser d’importer des tourteaux de soja non-bio du Brésil et muscler sa souveraineté alimentaire). Car ce que mangent les animaux a un impact direct sur la viande que nous mangeons !
Autre caractéristique de l’élevage bio : l’usage d’antibiotiques y est drastiquement limité. On ne peut traiter un animal qu’en cas de maladie – et si un abattage était prévu, il est reporté de six mois.
Cette mesure vise à la fois à respecter les animaux mais aussi à protéger les consommateurs de traces (même infimes) d’antibiotiques dans la viande.
C’est ainsi qu’en Suisse, par exemple, l’antibiorésistance est la première raison invoquée par les consommateurs pour manger de la viande bio (#4) – en clair : plus on mange de viande bio, moins on risque de développer de résistance aux antibiotiques.
Et pour être complet, rappelons qu’une viande de bœuf ou un poulet « élevé en plein air » ne sont pas forcément bio. Une viande ne peut être labellisée AB/Eurofeuille que si les animaux sont nourris exclusivement en bio, sans traitement antibiotique et sur des sols qui ne contiennent pas d’engrais azotés – car oui, comme tout ce qui est bio, la viande AB/Eurofeuille est aussi bonne pour les nappes phréatiques et la biodiversité dans les prairies.