“Bio et végane, c’est un peu la même chose, non ?”

On pourrait répondre en un mot : ça n’a rien à voir ! L’agriculture biologique est un mode de production (y compris de viande, de lait ou d’œufs). Le mode alimentaire végan (ou végétalien) bannit les produits animaux mais aussi les produits d’origine animale.

Assimiler bio et véganisme, c’est un peu comme additionner des choux et des carottes. Ou des tomates et du saucisson.

Pour autant, la confusion existe. Peut-être parce que, dans l’esprit de certains, bio et véganisme sont deux « trucs de bobos » qu’il est facile de mettre dans le même sac des mangeurs de tofu et des militants de la cause animale.

Il est vrai que le monde de la bio a été pionnier pour les régimes dits d’éviction (sans gluten, végétarien…). Les magasins bio ont été les premiers à mettre en avant les protéines végétales, à vendre du tofu et des galettes de céréales.

Parmi les consommateurs réguliers de bio, 10 % se disent strictement végétariens (Etude Bionutrinet), ils consomment des produits laitiers mais pas d’animaux ni d’œufs. Ils sont donc légèrement sur-représentés que dans la moyenne française qui serait de 2,2% (source FranceAgriMer).

Il n’existe pas de donnée précise sur les véganes, qui refusent tout produit d’origine animale (y compris le miel), et qui représenteraient moins de 1 % de la population.

Le bio est, par essence, omnivore. Le règlement de l’agriculture biologique repose en effet sur le principe d’équilibre entre le sol, l’eau, les végétaux et les animaux – notamment parce que le fumier, les fientes et le lisier issus de l’élevage sont essentiels pour fertiliser les sols et leur apporter de la matière organique sans utiliser d’engrais chimiques. En clair : vive les bouses de vache et les fientes de poules pour faire pousser légumes et céréales !

Voilà pourquoi, dans les fermes bio, on trouve souvent à la fois des cultures et de l’élevage (voir Idée fausse n° XX : oui, il existe de la viande bio). Sur 61 000 fermes bio, un tiers d’entre elles comptent à la fois des cultures végétales et de l’élevage. En général, elles destinent certaines de leurs parcelles à des prairie destinées spécifiquement à l’alimentation animale : ainsi, les animaux des fermes bio mangent bio et local, conformément au règlement.

Mais alors… Les bio mangent-ils autant de viande que le reste de la population ? L’étude Bionutrinet montre que les consommateurs réguliers de bio, sans être nécessairement végétariens ou véganes, respectent plus volontiers les recommandations du Plan National Nutrition Santé, qui recommande la consommation de 300 à 500g de viande par semaine hors volaille. Or, le ministère de l’agriculture montre qu’en 2022, les Français ont consommé 56 kg de porc, mouton ou bœuf, soit 1,1 kg par semaine en moyenne.

On peut donc piloter notre budget en cuisinant des lasagnes aux poireaux bio (un délice) ou du Dahl de lentilles corail avec des carottes et des épinards (succulent et protéiné !), pour s’offrir de la meilleure viande au repas suivant. Bon appétit !

Et puis en bio ce qu’on déteste par-dessus tout, ce sont les produits chimiques de synthèse ultra transformés ; on veut du naturel. Mieux vaut un bon steak d’une vache qui a eu des jours heureux dans nos pâtures, qu’une pilule synthétique remplie de protéines.