Après avoir fustigé le bio « trop cher », les critiques du bio reproche au label qu’il ne rémunère pas mieux les producteurs. Si vous vous demandez comment un tel paradoxe est possible, c’est qu’à partir du moment où vous prétendez que le bio « ça n’est que de la com’ », les prix s’expliqueraient, selon eux, uniquement par du marketing et des marges des magasins (alors que c’est précisément l’inverse), mais laissant une part des producteurs dans le dénuement.
Impossible, ici, de donner un chiffre global pour tous les agriculteurs de ce pays tant les revenus fluctuent en fonction des secteurs de production. Pour autant, à tous ceux qui avancent que le bio ne tient pas la route en termes de performance économique, un dossier de la revue du ministère de l’agriculture Agreste de février 2024 avance que « les exploitations bio affichent généralement un niveau de rentabilité économique équivalent à celui des structures en mode conventionnel »¹. Ceci s’explique par le fait que les agriculteurs bios ont moins de frais, malgré une main d’œuvre plus importante à l’hectares, mais peu de dépendance aux pesticides de synthèse et d’engrais azotés (synthétiques) puisqu’ils n’en utilisent pas. Ce qui les rend moins fragiles quand le prix des engrais azotés (synthétiques) flambe…
La rémunération n’est pas le seul moteur de l’engagement à être en bio, il y a également des motivations en lien avec leur engagement (79%) et les raisons économiques interviennent dans seulement 37% des cas. D’après le baromètre du moral des agriculteurs.trices de l’Agence BIO 2025, 64% des fermes bio ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 100 000€ et 56% un revenu annuel disponible brut de l’exploitation inférieur à 10 000€. Les principaux besoins et revendications des agriculteurs bio ont un lien avec la performance économique de leur exploitation : des prix de vente rémunérateurs pour la production bio (94%), de la communication sur le bio auprès du grand public (92%) pour intensifier la
demande, un renfort des aides bio (89%), une baisse des charges (87%) et plus de moyens pour structurer les filières bio (86%).
Les autres moteurs de la conversion en bio sont surtout des motivations environnementales (93%), et liées à la santé (81%). 72% des répondants veulent préserver leur santé et celle de leurs proches et 62% préserver la santé de la population (contre 54% en 2023), motivation particulièrement importante chez les viticulteurs.
Enfin le bio est minoritaire dans le système alimentaire (6% de l’assiette des Français et 10% des terres agricoles françaises), et en tant que label agronomique il n’a pas la prétention de corriger les déséquilibres du marché et ne se soustrait pas aux règles du rapport de force économique.
Il n’est pas un label de commerce équitable, car cela n’est pas contrôlé par le cahier des charges, mais 78 % des produits du commerce équitable sont aussi labellisés bio ce qui garantit un prix décent aux producteurs.
¹Dans « Les performances économiques des exploitations en agriculture biologique en 2020 » Agreste n°1 février 2024