“Le bio, ce n’est pas meilleur pour la santé”

Avant tout, rappelons que toutes les recommandations d’une alimentation équilibrée et bonne pour la santé s’appliquent au bio comme au non bio : manger trop gras, salé et sucré en bio reste un problème. S’empiffrer de burgers frits bio avant de conclure sur des glaces et gâteaux bios n’est pas un régime sain. Les excès de vin bio ne sont pas meilleurs pour le foie.

Pourtant, chaque bouchée mangée en bio réduit le trou de la sécurité sociale, et c’est la Cour des Comptes qui le dit.

Pour autant, les mangeurs de bio sont en meilleure santé comme le prouve l’étude Nutrinet, recherche épidémiologique de grande ampleur suivant une cohorte de 170 000 personnes depuis 2010 par l’INSERM. Au sein de cette cohorte, le sous-groupe Bionutrinet a suivi les effets d’une alimentation bio sur la santé et a établi qu’il y a un différentiel de 25% de cancers¹ entre le quart qui consomme le plus de bio et celui qui consomme le moins de bio.

Véritable Rolls mondiale de l’étude épidémiologique, cette étude n’oublie bien sûr pas de corriger les biais comportementaux sur les mangeurs de bio réguliers qui sont moins sédentaires, moins fumeurs, moins consommateurs de viande rouge et plus enclins à manger des légumes, des légumineuses et des noix… Plus les consommateurs mangent bio et plus leurs assiettes sont végétalisées, c’est aussi le constat fait dans le cadre de ce suivi au long cours.

Une autre expertise collective conduite par l’INSERM (2021) sur les liens entre « Pesticides et santé » avec plus de 5300 documents analysés montre de forte présomptions d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : lymphome non hodgkinien (LNH), maladie de Parkinson, myélome multiple, cancer de la prostate, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive (BCPO) et bronchite chronique, et des présomptions moyennes pour d’autres cancers et les pathologies thyroïdiennes. Parmi ces pathologies, certaines d’entre elles sont reconnues par la Mutuelle Sociale Agricole (MSA) comme des maladies professionnelles liées aux pesticides : Parkinson, lymphome non hodgkinien et cancer de la prostate.

Autre sujet : l’antibiorésistance, à savoir la capacité d’une bactérie à résister aux effets des antibiotiques. L’antibiorésistance est responsable d’un million de décès par an dans le monde et pourrait toucher 39 millions de personnes d’ici 2050. L’absence d’antibiotiques dans les produits animaux est une réponse à la perte d’efficacité des traitements antibiotiques chez les humains, cela évite d’ingérer des antibiotiques à travers du jambon ou des nuggets. Il s’agit donc bien d’un enjeu de santé publique croissant auquel répond le bio puisque l’élevage bio limite drastiquement l’usage des antibiotiques, et ne les autorise qu’exceptionnellement sous encadrement du vétérinaire, par exemple quand une bête se blesse et que la plaie s’infecte, bien-être animal oblige. Garder l’efficacité des antibiotiques est d’ailleurs la première motivation des consommateurs suisses de bio. Enfin, rappelons les recommandations du Programme National Nutrition Santé, porté par Santé Publique France (ministère de la Santé), basées sur la recherche médicale en santé publique, et qui spécifie de manger plus de bio quand c’est possible : Les objectifs et principes du PNNS 2019-2023 était :

  • Augmenter la consommation de produits BIO dans la population de sorte que : 100% de la population consomment au moins 20% de leurs consommations de fruits et légumes, produits céréaliers et légumineuses issues de produits BIO par semaine.
  • Assurer la montée en gamme de la restauration collective par un approvisionnement de 50% de produits bio, durables et de qualité d’ici 2022 et promouvoir le Nutriscore dans ce secteur.

Ces recommandations témoignent là aussi de l’intérêt d’une consommation de produits bio, qui pourrait être considérée dans une démarche de prévention. La santé humaine ne peut se concevoir indépendamment de la santé de l’environnement et des animaux, c’est le concept Une Seule Santé / OneHealth.

¹Du sein post ménopause et de lymphome