“Le bio, c’est politique ”

Si l’eau potable et la population des abeilles sont politiques, alors oui, le bio l’est.

Les détracteurs du bio évoquent un « lobby bio ». Un lobby est une organisation qui a pour mission de défendre des intérêts particuliers. Or, en se dotant d’objectifs de développement, les Etats font la preuve que le sujet du bio, un sujet d’intérêt général et national, et pas un sujet de lobbying. A l’exception de quelques pays, les pays de l’Union Européenne sont tous dotés d’objectifs nationaux pour développer le bio, et de plans pluriannuels à cette fin.

En France, les objectifs sont de 18% de surface agricole utile (SAU) d’ici 2027, 21% d’ici 2030, et 20% dans les assiettes des cantines depuis 2022. En Autriche, l’Etat a aussi fixé 35% de SAU bio en 2030, 25% en Lettonie, Estonie, Finlande, et en Tchéquie. L’expression lobby bio est donc inappropriée. Les principes mêmes liés aux pratiques agricoles biologiques qui reposent sur un respect des équilibres naturelles en font une agriculture d’intérêt général. Les atouts reconnus par les scientifiques de l’agriculture biologique pour l’environnement, la biodiversité, la qualité des eaux, la santé des productions, des citoyens/consommateurs illustrent aussi cette dimension d’intérêt général. Au-delà d’être politique ou non, le bio n’est pas monolithique au sein de ses 85 000 opérateurs (producteurs, distributeurs, transformateurs). Parmi les 61 000 agriculteurs, ce qu’a en commun le petit agriculteur bio qui ne vend qu’en direct à sa ferme et sur les marchés avec de grands agriculteurs bio qui exportent leurs céréales ou leurs vins, c’est la certification bio qui atteste le respect d’un cahier des charges et des contraintes afférentes. Le quotidien d’un berger avec 100 brebis en estive dans les Pyrénées peut être très éloigné de celui d’un viticulteur à Reims qui exporte du champagne aux Etats-Unis. Il y a eu des pionniers du bio de tout bord politique, depuis ceux qui cherchaient l’autonomie vis-à-vis des grandes firmes commercialisant herbicides et pesticides de synthèse, jusqu’à ceux rêvant plutôt d’un retour à la terre et au passé. Le bio n’est donc ni de gauche, ni de droite. Il n’est pas une fin en soi, simplement un moyen pour avoir de l’eau potable et des abeilles.