Ceux qui invoquent volontiers les « bobos » se gardent souvent de définir qui sont exactement ces « bourgeois bohèmes ».
Veut-on dire que le bio serait réservé aux bourgeois des centres-villes ? C’est faire bien peu de cas des 27 000 fermes bio qui vendent leurs produits en direct partout en France – du bio local, et à prix abordable. 27 000 points de vente, c’est plus que les 18 000 magasins cumulés par la grande distribution.
… Mais peut-être, quand on parle de « bobos », veut-on simplement dire que le bio est réservé aux riches. Là encore, on comprend l’argument. Mais des études se sont penchées sur la question : mange-t-on plus bio dans les foyers les plus aisés ? La réponse est non.
Selon le Baromètre de la consommation de bio, 7% des Français consomment du bio tous les jours. Cette fréquence de consommation varie peu selon les revenus : 9% des foyers les plus aisés (au-dessus de 2 500€ par personne par mois de revenus) mangent du bio tous les jours contre 8% pour les foyers qui gagnent entre 1000 et 1500€ par an par unité de consommation.
La consommation de produits bio reste tout de même très marquée sociologiquement : les plus diplômés sont ainsi 50% à consommer des produits biologiques au moins une fois par semaine (et 12% tous les jours), pour seulement 21% des personnes les moins diplômées (dont 5% en consomment quotidiennement). Les jeunes (moins de 34 ans) sont également plus nombreux que leurs aînés, et notamment les Français d’âge intermédiaire (35-64 ans) à consommer régulièrement des produits bio. En effet, 36% des moins de 34 ans consomment bio au moins une fois par semaine contre 27% des 45 à 64 ans. Les habitants de l’île de France consomment en moyenne plus bio (40% consomment au moins 1 fois par semaine contre 30% au total France), mais aussi les habitants de PACA (37%).
En réalité, ce que montrent toutes les études, c’est que la consommation de bio est bien plus une question d’éducation que de pouvoir d’achat. Est-ce si étonnant quand 63 % des Français se déclarent inquiets des effets de l’alimentation sur leur santé ?
C’est en partant de ce constat que l’association Vrac (Vers un réseau d’achat en commun) organise des sessions de cuisine bio dans les quartiers populaires. Portés par une autre association, les Défis Alimentation positive démontrent qu’avec un peu d’éducation populaire le bio (se) vit très bien loin des centres-villes. On peut citer aussi L’Ecole comestible, qui sensibilise les élèves des écoles primaires publiques aux bienfaits d’une alimentation durable à travers des ateliers collectifs.
En matière de bio, il y a des consommateurs et des citoyens. Loin des classifications de bobo ou bourgeois.
Et ce ne sont là que quelques exemples parmi bien d’autres. Au fond, on aurait pu se contenter de cette réponse : qu’on soit jeune ou moins jeune, qu’on vive dans une grande ville, une bourgade ou à la campagne, la santé est une question qui transcende tous les âges et toutes les classes sociales.