“Vous avez goûté les tomates soi-disant bio espagnoles ? C’est immangeable. Le bio espagnol est un faux bio, car les fruits et légumes espagnols ne respectent pas les normes françaises.”. Ainsi s’exprimait Ségolène Royal¹, en direct le 30 janvier 2024 sur BFM TV…
Un peu d’histoire :
En 1985, l’Etat Français établit le label AB qui définit comment sont produits, transformés, contrôlés et vendus les aliments biologiques.
En 1991, l’Union Européenne établit un règlement au niveau européen pour les productions végétales a été adopté, élargi au secteur animal en 1999.
Cette règlementation a permis d’harmoniser les pratiques des différents États membres et il a été décidé en 2009 de réunir les bio sous une seule bannière, un seul logo bio européen pour les 27 pays de l’Union : l’Eurofeuille.
Désormais seul logo obligatoire, il est parfois et le plus souvent accompagné du label AB facultatif mais plus connu car plus ancienn. Le logo AB est peut être indiqué sur l’étiquetage des produits qui ont l’Eurofeuille même en dehors de la France. Par exemple du thé bio produit en Inde, et certifié par un organisme certificateur agréé par la Commission Européenne est autorisé à mettre l’Eurofeuille s’il respecte le règlement bio européen et par ricochet le logo AB si le producteur de thé en fait la demande à l’OC.
Mais le règlement s’applique de la même manière partout et pour tous, avec les mêmes autorisations et interdictions partout. Le glyphosate par exemple est bien interdit en bio partout, dans les 27 pays membres.
La seule chose qui varie vraiment entre les états membres, ce sont les autorisations de mise sur le marché, qui relèvent de choix nationaux. En France, c’est l’ANSES qui s’en charge.
L’autre point qui peut expliquer l’idée d’une différence entre pays est le plus ou moins grand usage des serres pour les cultures. La France avait un temps interdit la vente des légumes « ratatouilles » bio cultivés sous serres chauffées en France entre le 21 décembre et le 30 avril. Cette décision ayant été annulée par le conseil d’État en juin 2023, il est possible aujourd’hui en France de produire en bio dans des serres chauffées. Mais la législation continue à évoluer, ainsi l’usage des énergies renouvelables est recommandé dès aujourd’hui et sera obligatoire en 2030.
Pour être pointilleux, on peut préciser que le règlement bio européen est sujet à interprétation. Ainsi, quand il stipule pour l’élevage que « les animaux doivent pâturer dès que les conditions météo le permettent », tout le monde n’a pas la même interprétation du beau temps…
Avec 85 000 opérateurs (producteurs, transformateurs, distributeurs) certifiés en bio, le bio n’étant pas une auréole de sainteté mais un marché qui peut avoir des fraudeurs. Mais avec plus de 120000 contrôles/an (soit 1,5 contrôles par opérateur), par des organismes certificateurs agréés et eux-mêmes contrôlés, ils restent minoritaires. La DGCCRF rajoute des contrôles lors de la vente des produits pour s’assurer que le mot bio, et ses logos, ne sont pas utilisés à tort.
Au sujet du goût des dites tomates, il faut garder en tête que le label rouge est le seul signe officiel de qualité qui parle de goût. Là encore, avec 61000 producteurs de bio, il peut y avoir du bio dont le goût laisse à désirer, et encore, c’est subjectif et nous laissons à Ségolène Royal son verdict…
¹Le 30 janvier 2024 sur BFM TV