Mais qui fait encore la pâte de ses raviolis soi-même ?
Étant donné les ventes de produits transformés, voire ultra transformés en France, cela interroge sur cette attitude qui consiste à se montrer beaucoup plus exigeant quand il s’agit de bio que quand il s’agit d’alimentation standard.
Pourtant, pourquoi produire un blé bio – donc sans herbicides ni pesticides de synthèse fabriqués à base d’énergie fossile – si son grain et sa farine sont mélangés avec du blé non-bio, ce qui donnerait du pain ou des biscuits non-bio ?
C’est pourquoi il existe des produits transformés bio, certifiés, qui requièrent des ingrédients bio, et uniquement des ingrédients autorisés en bio, soit 57 additifs naturels (acide citrique qui vient des agrumes, levures, carraghénanes en épaississants, et même sel nitrité en charcuterie) contre 340 pour l’industrie agroalimentaire au global.
Enfin, cette liste est également plus restreinte pour les auxiliaires technologiques. Ce nom savant désigne l’action nécessaire à la transformation comme le chlorure de calcium comme agent de coagulation des bières, ou les fécules de pommes de terre (bio, évidemment) pour filtrer les jus de pommes.
Cela implique que ces produits soient audités à toutes les étapes de la chaîne (semences, champs, silos, moulins, usines, boulangeries…).
Comment espérer que le bio atteigne sa masse critique s’il n’a pas une place dans le placard des Français, s’il ne
propose pas des produits faciles et du quotidien ?
Oui, il faut des raviolis bio, pour tous ceux qui n’ont pas le temps de laminer leur pâte maison à la main et parce qu’il faut manger le blé bio produit dans les champs sous toutes ses formes.
Pour espérer produire des pommes de terre bio dans les Hauts-de-France, il faut certes les vendre en filets, mais aussi en frites surgelées. Un consommateur bio ne vit pas que d’amour des abeilles et de pois-chiches qu’il aurait le temps de faire tremper la veille, de faire cuire, de mixer… Le houmous bio est donc indispensable pour valoriser une autre des grandes cultures en bio, les légumineuses, aux côtés des céréales, des oléagineux comme le colza ou le tournesol, ou des pommes de terre… C’est à ce prix que l’on aura des hectares en bio à côté de nos lotissements.
Les produits transformés font partie de nos vies. Leur déclinaison en bio doit aussi y avoir sa représentation.
Se basant sur une étude de 2022, l’ITAB a montré que la proportion d’aliments ultra-transformés en France (selon la classification SIGA) est de 53 % dans les aliments biologiques et de 74 % dans l’alimentation au global. Dans les deux cas, cela reste dominant.
Qu’en déduire ? Que la transition alimentaire passe à l’évidence par le fait de cuisiner davantage et donc d’acheter et consommer plus de produits bruts. Pour autant, pour trouver de l’authenticité au sein des aliments transformés, le bio interdit qu’ils soient enrichis en vitamines et minéraux.
Les produits transformés bio permettent de produire bio dans les champs. Ils doivent donc exister, mais ne nous leurrons pas : des chips et des bières, fussentelles bio, ça n’est pas la base d’une alimentation saine !