Millésime Bio est le plus grand salon de vin bio au monde qui se déroule à Montpellier chaque fin de janvier. Sa présidente défend une agriculture intégralement bio se joue des individus et ne chérit que les collectifs, aussi dit-elle « nous » à tout bout de champ (bio) avec un naturel confondant.
Dans la famille Fabre, on est vignerons depuis au moins 1605, et son aïeul Jaume Fabre exerçait à Gasparets, à 5km à peine du Luc-sur-Orbieu vers Narbonne, où elle office un peu plus de quatre siècles plus tard.
Jeanne fut tour à tour éducatrice spécialisée en Seine Saint-Denis, rédactrice de guide touristiques en Amérique du sud, communicante dans diverses agences parisiennes : un sillon loin du nid familial… Mais comme pour ses frères et sœurs, il lui manquait du sens, et c’est ce qui les a fait revenir. Sa sœur Clémence est désormais à la gestion, et Jeanne au développement des 5 domaines issus de l’alliance de familles du Minervois et des Corbières « avec la complémentarité de chacun, la Tour de Rieux, le Château Coulon, le Château de Luc et le Château Fabre Gasparets ». Complémentaire dans les cépages, les terroirs, les arômes, mais tous produits en 100% bio depuis que le label AB existe : « je ne connais pas autre chose ! Si le label est une exigence évidente, nous ne l’envisageons avec l’addition de cases à cocher et sommes d’ailleurs poussés par des clients Suisses à aller encore plus loin en termes de haies, de biodiversité, de cours d’eau, d’équilibre global… Et on ne le voit pas comme des contraintes, mais comme une manière de voir le vivant s’épanouir partout sur le domaine : quel plaisir de pouvoir aller chercher ses herbes aromatiques ou ses salades au pied des vignes ! ».
Jeanne aime rappeler que l’Occitanie est la première région productrice de vin bio d’Europe, avant tout grâce à un climat très propice pour la vigne avec très peu de pression du mildiou. Quand on lui parle de chiffres, elle répond : « demande-t-on a un artiste combien d’hectares de toiles il peint par an ? ». 1 million de bouteilles par an,X% du chiffre réalisé à l’export 30 salariés, la dimension collective primant sur tout : « le bio est une idée plus grande que nous, ne peut être un bastion, il doit faire foule. Quand je dis cela, je ne fais pas l’économie des labels : tant que les autres refuseront d’être vérifiés par des organismes indépendants comme pour AB, ils dérouteront consommateurs comme producteurs ».
Et pour promouvoir au mieux les vignes et les vins bios, quoi de mieux qu’un salon d’envergure mondiale ? Sa présidente s’enthousiasme :« Il est essentiel d’exporter notre savoir-faire. Ce salon est spécial justement par il est porté par et pour les vignerons »
Mais le secteur du vin traverse une crise « La déconsommation de vin est un phénomène au long cours, la qualité va faire le tri. La montée en puissance depuis 30 ans est phénoménale, nous vivons la meilleure époque de l’histoire pour goûter des grands vins ! Le bio aussi connaît cette concurrence accrue avec une qualité inégalée. L’époque où on disait « c’est bio et pourtant c’est bon » est révolue. Nous arrivons à un degré de précision dans l’accompagnement -surtout pas la maîtrise !- du vivant qui permet de sentir les terroirs, d’abandonner la standardisation, et surtout célébrer le singulier dans nos vins bios. »