L’Agence BIO au SMCL 2025

Parce que le bio est à la fois une obligation et l’allié des maires, depuis 2019 l’Agence BIO est au Salon des Maires et des Collectivités Locales pour accompagner les élus en exercice et les futurs candidats à intégrer le bio au cœur de leurs politiques locales.

Le rendez-vous incontournable pour anticiper les municipales 2026 : pour rejoindre les communes qui font le bio en France, c’est du 18 au 20 novembre Porte de Versailles au pavillon 4 stand G 141.

le programme

MARDI 18 NOVEMBRE

  • 11h – 14h : animation culinaire sur la restauration collective scolaire engagée avec Renaud Fourcade, chef de cantine en lycée (Occitanie).
  • 14h30 – 17h : animation culinaire avec la communauté Ecotable et son chef Benjamin Schlumberger. L’association, sœur d’Ecotable, accélère la transition environnementale et sociale de la restauration commerciale en fédérant les professionnels engagés du secteur.

MERCREDI 19 NOVEMBRE

  • 10h30 – 12h30 : ateliers de sensibilisation à l’alimentation durable avec l’Ecole comestible qui agit sur le territoire en collaboration avec les acteurs du milieu scolaire et péri-scolaire, ainsi qu’avec les acteurs publics locaux et nationaux.
  • 12h30 – 13h15 : conférence “Au cœur des villes et villages, des repas bio pour tous les âges !” avec Anthony Beharelle de Croc la Vie, Laetitia Desvignes de Restoria, Blandine Zorel de la Mairie de Caluire-et-Cuire, et David Merdrignac de Biocoop Restauration, à l’Espace Atmosphère résilience agricole et alimentaire (voir le détail plus bas).
  • 13h – 16h30 : animation culinaire sur la restauration collective scolaire engagée avec Francine Lioux, cheffe de cantine en collège (Ain). Francine Lioux a gagné ZeAward du meilleur engagement 2024 pour la restauration collective.

JEUDI 20 NOVEMBRE

  • 11h – 14h et 15h – 17h : animation culinaire sur la place du bio en formation “hôtellerie restauration” avec les élèves du lycée hôtelier de Granville qui cuisineront toute la journée, sous la supervision de leur formateur Vincent Delacour.

la conférence

Cette conférence est organisée dans le cadre du programme CuisinonsPlusBio.fr.

De nombreuses collectivités locales organisent un service de restauration pour leurs habitants. Cette vocation sociale place aujourd’hui l’alimentation durable au cœur de l’action publique. La loi EGalim fixe d’ailleurs un objectif d’achat d’au moins 20% de produits bio en restauration collective. 

Ces politiques alimentaires commencent dès le plus jeune âge, avec parfois l’organisation d’un service public de restauration en crèches qui répond aux préoccupations des parents, soucieux d’une alimentation saine et de qualité pour leurs enfants tout en répondant aux enjeux des premiers apprentissages sensoriels. 

Les collectivités organisent ensuite l’offre de restauration de l’école maternelle jusqu’au lycée. La cantine continue d’être ainsi un lieu de sociabilisation par le partage d’un repas équilibré tout en restant un lieu de sensibilisation autour des enjeux du développement durable. 

Enfin l’action sociale publique qui vise à lutter contre l’exclusion déploie également une offre alimentaire dans l’assiette de nos aînés et des plus fragiles. Les Centres Communaux ou Intercommunaux d’Action sociale (CCAS/CIAS) contribuent ainsi à lutter contre la dénutrition et l’isolement de nos aînés notamment par la gestion de maisons de retraite et la mise en place d’un service de portage de repas. 

Cette conférence mettra en lumière les récentes initiatives qui traduisent la place de la cuisine de restauration collective au cœur de la pratique du changement vers une alimentation plus durable et comment l’offre de produits bio peut s’organiser aujourd’hui pour répondre à cette demande. 

Les focus :

  • La petite enfance (enjeux autour d’une offre de repas 100% bio, société à
    mission, réseau, originalité du système de gestion)
  • L’éducation au cœur du bio réacteur (l’alimentation dans les écoles, la formation, la sensibilisation, la précarité alimentaire)
  • La place des sociétés de restauration collective (présentation de l’offre scolaire
    ainée, présentation de la stratégie de structuration des filières, la politique RSE)
  • L’approvisionnement en produit bio, comment faire pour en mettre plus et atteindre les objectifs de la loi EGalim (contrainte marché, approvisionnement local)

« La viande bio, ça n’existe pas »

Si vous avez lu l’idée fausse #11, vous savez que non seulement les consommateurs de bio ne sont pas tous véganes, mais aussi que les fermes bio conjuguent souvent culture et élevage.


Pour être précis : en 2024, on comptait 17 981 fermes bio avec de l’élevage (hors apiculture), soit 29 % des fermes bio. La surface agricole utile (SAU) dédiée à l’élevage représente 61 % de la surface bio totale, si l’on tient compte à la fois des prairies et des cultures destinées à l’alimentation animale.


Il y a donc de la viande bio, oui ! Mais il est vrai qu’hormis les steaks hachés bio, elle reste peu visible en grande distribution. Vous en trouverez en revanche dans les boucheries, les enseignes bio, les restaurants… et à la ferme, où l’on vous servira tous les morceaux – car rappelons-le, le bio lutte inlassablement contre le gaspillage, et pour la diversification de l’alimentation !


L’élevage bio est strictement encadré pour garantir le respect du bien-être animal, les besoins physiologiques des bêtes et le respect de leur cycle naturel de développement.


Le cahier des charges prévoit notamment que les animaux soient élevés en plein air, avec pâturage obligatoire pour les vaches dès que les conditions météo le permettent, et qu’ils soient nourris à 100 % en bio (dont 70 % d’aliments produits sur la ferme ou dans des fermes bio du secteur, pour les ruminants et 30 % pour les porcs et les volailles, pour se dispenser d’importer des tourteaux de soja non-bio du Brésil et muscler sa souveraineté alimentaire). Car ce que mangent les animaux a un impact direct sur la viande que nous mangeons !


Autre caractéristique de l’élevage bio : l’usage d’antibiotiques y est drastiquement limité. On ne peut traiter un animal qu’en cas de maladie – et si un abattage était prévu, il est reporté de six mois.


Cette mesure vise à la fois à respecter les animaux mais aussi à protéger les consommateurs de traces (même infimes) d’antibiotiques dans la viande.


C’est ainsi qu’en Suisse, par exemple, l’antibiorésistance est la première raison invoquée par les consommateurs pour manger de la viande bio (#4) – en clair : plus on mange de viande bio, moins on risque de développer de résistance aux antibiotiques.


Et pour être complet, rappelons qu’une viande de bœuf ou un poulet « élevé en plein air » ne sont pas forcément bio. Une viande ne peut être labellisée AB/Eurofeuille que si les animaux sont nourris exclusivement en bio, sans traitement antibiotique et sur des sols qui ne contiennent pas d’engrais azotés – car oui, comme tout ce qui est bio, la viande AB/Eurofeuille est aussi bonne pour les nappes phréatiques et la biodiversité dans les prairies.

« Les œufs bio, quel intérêt, du moment que les poules sont en plein air ? »

L’œuf n’est pas un aliment comme les autres. On en consomme une quantité phénoménale et en augmentation constante : 226 œufs par Français en 2024, record historique. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les œufs sont très prisés pour fournir des protéines animales à moindre coût.

La France, jusqu’ici autosuffisante en la matière, ne souhaite pas perdre de la souveraineté en important des œufs. Or, pour l’éviter, il faudrait 300 nouveaux poulaillers en France d’ici 2030. Le secteur vit déjà une transition vers le mieux, puisque les cages sont interdites et que les poules sont désormais en plein air. Alors, le bon sens vous dira donc que l’œuf sort de la poule, protégé par une coquille, et que le label AB ne saurait justifier un écart de prix important puisque selon l’Agence BIO, les œufs bio sont encore 51 % plus chers que les œufs plein air.

Pour autant, la différence de taille est que l’alimentation des poules est 100 % bio (et au moins 30 % locale) dans un cas et pas l’autre.

Cela veut donc dire que chaque poule contribue à développer le bio dans les champs.

Au-delà du cas des œufs, nombre d’interrogations du public sont présentes sur des aliments sur lesquels on ne pulvérise pas de pesticides, comme le lait. Mais, à l’instar des œufs, les vaches qui donnent du lait bio sont nourries avec une alimentation biologique. Vous pouvez vous dire que vous connaissez la ferme qui donne votre lait, que l’éleveur est éminemment sympathique et très soucieux des questions sanitaires et environnementales… si son lait ne dispose pas du label AB, il n’est pas « presque bio » (#2).

Encore et toujours, le label bio sanctionne un mode de production plus respectueux de l’environnement, et les bienfaits associés sont valables pour tous les produits, y compris les œufs et le lait.

“Les produits transformés bio, c’est nul !”

Mais qui fait encore la pâte de ses raviolis soi-même ?


Étant donné les ventes de produits transformés, voire ultra transformés en France, cela interroge sur cette attitude qui consiste à se montrer beaucoup plus exigeant quand il s’agit de bio que quand il s’agit d’alimentation standard.


Pourtant, pourquoi produire un blé bio – donc sans herbicides ni pesticides de synthèse fabriqués à base d’énergie fossile – si son grain et sa farine sont mélangés avec du blé non-bio, ce qui donnerait du pain ou des biscuits non-bio ?


C’est pourquoi il existe des produits transformés bio, certifiés, qui requièrent des ingrédients bio, et uniquement des ingrédients autorisés en bio, soit 57 additifs naturels (acide citrique qui vient des agrumes, levures, carraghénanes en épaississants, et même sel nitrité en charcuterie) contre 340 pour l’industrie agroalimentaire au global.


Enfin, cette liste est également plus restreinte pour les auxiliaires technologiques. Ce nom savant désigne l’action nécessaire à la transformation comme le chlorure de calcium comme agent de coagulation des bières, ou les fécules de pommes de terre (bio, évidemment) pour filtrer les jus de pommes.


Cela implique que ces produits soient audités à toutes les étapes de la chaîne (semences, champs, silos, moulins, usines, boulangeries…).

Comment espérer que le bio atteigne sa masse critique s’il n’a pas une place dans le placard des Français, s’il ne
propose pas des produits faciles et du quotidien ?


Oui, il faut des raviolis bio, pour tous ceux qui n’ont pas le temps de laminer leur pâte maison à la main et parce qu’il faut manger le blé bio produit dans les champs sous toutes ses formes.

Pour espérer produire des pommes de terre bio dans les Hauts-de-France, il faut certes les vendre en filets, mais aussi en frites surgelées. Un consommateur bio ne vit pas que d’amour des abeilles et de pois-chiches qu’il aurait le temps de faire tremper la veille, de faire cuire, de mixer… Le houmous bio est donc indispensable pour valoriser une autre des grandes cultures en bio, les légumineuses, aux côtés des céréales, des oléagineux comme le colza ou le tournesol, ou des pommes de terre… C’est à ce prix que l’on aura des hectares en bio à côté de nos lotissements.


Les produits transformés font partie de nos vies. Leur déclinaison en bio doit aussi y avoir sa représentation.

Se basant sur une étude de 2022, l’ITAB a montré que la proportion d’aliments ultra-transformés en France (selon la classification SIGA) est de 53 % dans les aliments biologiques et de 74 % dans l’alimentation au global. Dans les deux cas, cela reste dominant.


Qu’en déduire ? Que la transition alimentaire passe à l’évidence par le fait de cuisiner davantage et donc d’acheter et consommer plus de produits bruts. Pour autant, pour trouver de l’authenticité au sein des aliments transformés, le bio interdit qu’ils soient enrichis en vitamines et minéraux.


Les produits transformés bio permettent de produire bio dans les champs. Ils doivent donc exister, mais ne nous leurrons pas : des chips et des bières, fussentelles bio, ça n’est pas la base d’une alimentation saine !

“Le bio, c’est parce qu’il y a un lobby bio derrière !”

Le propre des lobbys est de se faire discret pour ne pas laisser voir qu’ils sont à la manœuvre pour défendre des intérêts privés face aux lois rédigées par des parlementaires au service de l’intérêt général.


L’agriculture biologique est une agriculture d’intérêt général, c’est d’ailleurs pour cela que l’État français s’est lui-même fixé des objectifs en bio (20 % de bio dans les cantines avec la loi EGalim et 21 % de bio dans les champs avec la loi d’orientation agricole).


Un lobby qui serait d’intérêt national est donc antinomique (#5).

Les lobbyistes cherchent à obtenir des dérogations sur les normes environnementales, en limitant les contrôles, les inspections. À cet égard, on comprend bien que les agricultrices et agriculteurs bio, qui s’engagent volontairement et tous les ans à se faire contrôler, sont de bien piètres lobbyistes.


Ce livre dédié à démêler de fausses croyances propagées autour de l’agriculture bio est porté par un groupement d’intérêt public, l’Agence BIO, une agence d’État sous tutelle des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie. Aucun de ses salariés ne touche des bonus sur les ventes de bio.


À moins de considérer l’État comme relevant des lobbys, il est difficile de dire que le bio dispose d’un lobby.

“Le bio étranger, c’est du faux bio”

“Vous avez goûté les tomates soi-disant bio espagnoles ? C’est immangeable. Le bio espagnol est un faux bio, car les fruits et légumes espagnols ne respectent pas les normes françaises.”. Ainsi s’exprimait Ségolène Royal¹, en direct le 30 janvier 2024 sur BFM TV…

Un peu d’histoire :

En 1985, l’État français établit le label AB qui définit comment sont produits, transformés, contrôlés et vendus les aliments biologiques.

En 1991, l’Union européenne établit un règlement au niveau européen pour les productions végétales a été adopté, élargi au secteur animal en 1999.

Cette règlementation a permis d’harmoniser les pratiques des différents États membres et il a été décidé en 2009 de réunir les bio sous une seule bannière, un seul logo bio européen pour les 27 pays de l’Union : l’Eurofeuille.

Désormais seul logo obligatoire, il est parfois et le plus souvent accompagné du label AB facultatif mais plus connu car plus ancien. Le logo AB est peut être indiqué sur l’étiquetage des produits qui ont l’Eurofeuille même en dehors de la France. Par exemple du thé bio produit en Inde, et certifié par un organisme certificateur agréé par la Commission européenne est autorisé à mettre l’Eurofeuille s’il respecte le règlement bio européen et par ricochet le logo AB si le producteur de thé en fait la demande à l’organisme certificateur.

Mais le règlement s’applique de la même manière partout et pour tous, avec les mêmes autorisations et interdictions partout. Le glyphosate par exemple est bien interdit en bio partout, dans les 27 pays membres.

La seule chose qui varie vraiment entre les états membres, ce sont les autorisations de mise sur le marché, qui relèvent de choix nationaux. En France, c’est l’ANSES qui s’en charge.

L’autre point qui peut expliquer l’idée d’une différence entre pays est le plus ou moins grand usage des serres pour les cultures. La France avait un temps interdit la vente des légumes « ratatouilles » bio cultivés sous serres chauffées en France entre le 21 décembre et le 30 avril. Cette décision ayant été annulée par le conseil d’État en juin 2023, il est possible aujourd’hui en France de produire en bio dans des serres chauffées. Mais la législation continue à évoluer, ainsi l’usage des énergies renouvelables est recommandé dès aujourd’hui et sera obligatoire en 2030.

Pour être pointilleux, on peut préciser que le règlement bio européen est sujet à interprétation. Ainsi, quand il stipule pour l’élevage que « les animaux doivent pâturer dès que les conditions météo le permettent », tout le monde n’a pas la même interprétation du beau temps…

Avec 85 000 opérateurs (producteurs, transformateurs, distributeurs) certifiés en bio, le bio n’étant pas une auréole de sainteté mais un marché qui peut avoir des fraudeurs. Mais avec plus de 120000 contrôles/an (soit 1,5 contrôles par opérateur), par des organismes certificateurs agréés et eux-mêmes contrôlés, ils restent minoritaires. La DGCCRF rajoute des contrôles lors de la vente des produits pour s’assurer que le mot bio, et ses logos, ne sont pas utilisés à tort.

Au sujet du goût des dites tomates, il faut garder en tête que le Label Rouge est le seul signe officiel de qualité qui parle de goût. Là encore, avec 62 000 producteurs de bio, il peut y avoir du bio dont le goût laisse à désirer, et encore, c’est subjectif et nous laissons à Ségolène Royal son verdict…

¹Le 30 janvier 2024 sur BFM TV

“De toute façon, le bio aussi est contaminé”

Cette idée invaliderait le concept même de bio tant qu’il ne couvre pas 100% du territoire…

Oui, les champs bio peuvent être parfois contaminés par des produits synthétiques utilisés par d’autres fermes non-bio.

Non, les fruits et légumes bio que vous trouvez au supermarché ne sont pas contaminés.

D’abord, rappelons qu’en principe les traitements sont utilisés de façon ciblée sur les cultures à protéger, et de fait restent en grande partie dans le champ. En revanche, selon les molécules et les conditions météorologiques, certains produits peuvent partiellement se disperser dans le sol, l’eau ou l’air.

Le règlement bio proscrit les produits chimiques et impose une période de conversion allant de 2 à 3 ans avant de pouvoir être certifié bio. Cette période de conversion est un temps nécessaire pour assainir les sols qui ont pu être pollués avant le passage en bio. Parmi les sources possibles de contamination, il faut aussi compter la rémanence de produits phytosanitaires dans les sols, car il faut parfois plus de 20 ans de gestion biologique pour éliminer les traces de certains pesticides et autres engrais azotés¹. Le FIBL (institut de recherche européen en agriculture biologique) a compilé plusieurs études démontrant que « les sols biologiques contenaient beaucoup moins de résidus que les sols conventionnels et des concentrations de résidus inférieures de 70 à 90 % ». Cette étude montre le nombre de substances était deux fois moins élevé dans les champs biologiques, et les niveaux de résidus étaient neuf fois moins élevés. Cette étude montre que l’agriculture biologique contribue à dépolluer les sols.

10 % des terres agricoles françaises sont en bio. Cela signifie donc que 90% des terres sont potentiellement traitées avec de la chimie synthétique. Conscient de ce voisinage avec les fermes dites « conventionnelles », l’agriculture biologique se protège de différentes façons.

De plus, pour éviter les contaminations, et donc se protéger des épandages de produits chimiques synthétiques interdits en bio par des voisins non bio, les agriculteurs bios ont adapté leurs pratiques en plantant des haies ou des bandes enherbées.

Malgré ces protections, des contaminations restent possibles – en cas de dérive du voisinage, par ruissellement avec l’eau, ou de volatilisation par le vent de molécules trop légères – c’est le cas par exemple du prosulfocarbe, dont le monde du bio demande l’interdiction car il est extrêmement volatil et contamine le sarrazin bio par exemple.

Les organismes certificateurs (OC) qui contrôlent chaque année chaque producteur bio, effectuent régulièrement des analyses sur des échantillons soit de façon aléatoire soit en cas de suspicion de potentielle contamination.

Si la présence d’une substance interdite en bio est détectée, le produit ne peut plus être commercialisé sous le label Agriculture biologique.

Et si le seuil dépasse la limite maximale de résidus (LMR), le produit ne peut plus être commercialisé du tout. Voilà le consommateur protégé des contaminations éventuelles.

Est-ce que cela est fréquent ?

Le rapport de 2025 de l’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, a fourni des résultats sur les analyses des échantillons prélevés en 2023 : sur les échantillons des produits biologiques, 80 % ne contenaient aucun résidu quantifiable et 19 % contenaient des résidus quantifiés égaux ou inférieurs à la LMR. 1,9% dépassaient la LMR, dont 0,4 % ont été jugés non conformes².

Le bio sous emballage : une protection contre les contaminations

On l’entend souvent : pourquoi donc les fruits & légumes bio sont-ils emballés dans les supermarchés ? Quand on se soucie de l’environnement, on n’a pas envie de voir un film plastique emballer ses produits. Certes, mais on n’a pas envie que le produit bio soit contaminé. Et c’est la loi. Pour ne pas tromper le consommateur, et différencier les produits bio des non bios, les produits bio sont emballés, sauf dans les magasins 100% bio.

L’occasion de rappeler que l’Agriculture biologique est un règlement agronomique, et qu’il ne parle pas d’emballage.

¹En 2025, les médecins libéraux français ont qualifié de « bombe sanitaire » l’empoisonnement des sols français au cadmium – notamment dû à l’utilisation massive d’engrais fortement phosphatés. Une méta-analyse publiée en 2014 dans le British Journal of Nutrition, montrait que les aliments biologiques présentent en moyenne 48 % de cadmium en moins que les aliments issus de l’agriculture conventionnelle. La recommandation de Conférence nationale des unions régionales des professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML) est claire : varier son alimentation et privilégier le bio (notamment dans les cantines) pour diminuer l’imprégnation au cadmium.

²Sur l’ensemble des produits, 58 % ne contenaient pas de résidus quantifiables, tandis que 38,3 % contenaient des résidus dans les limites légales et 3,7 % dépassaient la LMR, dont 2 % ont été jugés non conformes.

“Le bio, c’est pour les bobos (ou pour les riches)”

Ceux qui invoquent volontiers les « bobos » se gardent souvent de définir qui sont exactement ces « bourgeois bohèmes ».

Veut-on dire que le bio serait réservé aux bourgeois des centres-villes ? C’est faire bien peu de cas des 28 000 fermes bio qui vendent leurs produits en direct partout en France – du bio local, et à prix abordable. 28 000 points de vente, c’est plus que les 18 000 magasins cumulés par la grande distribution.

… Mais peut-être, quand on parle de « bobos », veut-on simplement dire que le bio est réservé aux riches. Là encore, on comprend l’argument. Mais des études se sont penchées sur la question : mange-t-on plus bio dans les foyers les plus aisés ? La réponse est non.

Selon le Baromètre de la consommation de bio, 7% des Français consomment du bio tous les jours. Cette fréquence de consommation varie peu selon les revenus : 9% des foyers les plus aisés (au-dessus de 2 500€ par personne par mois de revenus) mangent du bio tous les jours contre 8% pour les foyers qui gagnent entre 1000 et 1500€ par an par unité de consommation.

La consommation de produits bio reste tout de même très marquée sociologiquement : les plus diplômés sont ainsi 50% à consommer des produits biologiques au moins une fois par semaine (et 12% tous les jours), pour seulement 21% des personnes les moins diplômées (dont 5% en consomment quotidiennement). Les jeunes (moins de 34 ans) sont également plus nombreux que leurs aînés, et notamment les Français d’âge intermédiaire (35-64 ans) à consommer régulièrement des produits bio. En effet, 36% des moins de 34 ans consomment bio au moins une fois par semaine contre 27% des 45 à 64 ans. Les habitants d’Île-de-France consomment en moyenne plus bio (40% consomment au moins 1 fois par semaine contre 30% au total France), mais aussi les habitants de la région PACA (37%).

En réalité, ce que montrent toutes les études, c’est que la consommation de bio est bien plus une question d’éducation que de pouvoir d’achat. Est-ce si étonnant quand 63 % des Français se déclarent inquiets des effets de l’alimentation sur leur santé ?

C’est en partant de ce constat que l’association Vrac (Vers un réseau d’achat en commun) organise des sessions de cuisine bio dans les quartiers populaires. Portés par une autre association, les Défis Alimentation positive démontrent qu’avec un peu d’éducation populaire le bio (se) vit très bien loin des centres-villes. On peut citer aussi L’école comestible, qui sensibilise les élèves des écoles primaires publiques aux bienfaits d’une alimentation durable à travers des ateliers collectifs.

En matière de bio, il y a des consommateurs et des citoyens. Loin des classifications de bobo ou bourgeois.

Et ce ne sont là que quelques exemples parmi bien d’autres. Au fond, on aurait pu se contenter de cette réponse : qu’on soit jeune ou moins jeune, qu’on vive dans une grande ville, une bourgade ou à la campagne, la santé est une question qui transcende tous les âges et toutes les classes sociales.

“Le bio, ça ne rémunère pas forcément mieux les producteurs”

Après avoir fustigé le bio « trop cher », les critiques du bio reproche au label qu’il ne rémunère pas mieux les producteurs. Si vous vous demandez comment un tel paradoxe est possible, c’est qu’à partir du moment où vous prétendez que le bio « ça n’est que de la com’ », les prix s’expliqueraient, selon eux, uniquement par du marketing et des marges des magasins (alors que c’est précisément l’inverse), mais laissant une part des producteurs dans le dénuement.

Impossible, ici, de donner un chiffre global pour tous les agriculteurs de ce pays tant les revenus fluctuent en fonction des secteurs de production. Pour autant, à tous ceux qui avancent que le bio ne tient pas la route en termes de performance économique, un dossier de la revue du ministère de l’Agriculture Agreste de février 2024 avance que « les exploitations bio affichent généralement un niveau de rentabilité économique équivalent à celui des structures en mode conventionnel »¹. Ceci s’explique par le fait que les agriculteurs bios ont moins de frais, malgré une main d’œuvre plus importante à l’hectares, mais peu de dépendance aux pesticides de synthèse et d’engrais azotés (synthétiques) puisqu’ils n’en utilisent pas. Ce qui les rend moins fragiles quand le prix des engrais azotés (synthétiques) flambe…

La rémunération n’est pas le seul moteur de l’engagement à être en bio, il y a également des motivations en lien avec leur engagement (79%) et les raisons économiques interviennent dans seulement 37% des cas. D’après le baromètre du moral des agriculteurs de l’Agence BIO 2025, 64% des fermes bio ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 100 000€ et 56% un revenu annuel disponible brut de l’exploitation inférieur à 10 000€. Les principaux besoins et revendications des agriculteurs bio ont un lien avec la performance économique de leur exploitation : des prix de vente rémunérateurs pour la production bio (94%), de la communication sur le bio auprès du grand public (92%) pour intensifier la demande, un renfort des aides bio (89%), une baisse des charges (87%) et plus de moyens pour structurer les filières bio (86%).

Les autres moteurs de la conversion en bio sont surtout des motivations environnementales (93%), et liées à la santé (81%). 72% des répondants veulent préserver leur santé et celle de leurs proches et 62% préserver la santé de la population (contre 54% en 2023), motivation particulièrement importante chez les viticulteurs.

Enfin le bio est minoritaire dans le système alimentaire (6% de l’assiette des Français et 10% des terres agricoles françaises), et en tant que label agronomique il n’a pas la prétention de corriger les déséquilibres du marché et ne se soustrait pas aux règles du rapport de force économique.

Il n’est pas un label de commerce équitable, car cela n’est pas contrôlé par le cahier des charges, mais 78 % des produits du commerce équitable sont aussi labellisés bio ce qui garantit un prix décent aux producteurs.

¹Dans « Les performances économiques des exploitations en agriculture biologique en 2020 » Agreste n°1 février 2024

“Le bio, c’est cher”

« Tu manges bio ? Ben dis donc t’as les moyens ! ». Si l’on associe spontanément le bio à un niveau de vie très élevé (#2) c’est que le cadrage médiatique dominant présente invariablement le bio comme étant plus cher que le reste des produits.

Le bio peut être plus cher, mais pas toujours et pas partout. La grande spécificité du secteur c’est la diversité des canaux de distribution.

Concernant le bio en grande distribution, où se font 48% des achats de bio, seul circuit où l’on dispose des prix, l’institut Circana qui analyse les tendances de consommation, établit en 2025 que certains produits bio y sont 46% plus cher que leur homologue en conventionnel.

Si les consommateurs font la majorité de leurs achats en grande distribution, pour l’offre bio il existe un réseau de distribution spécialisé avec 2800 magasins comme Naturalia, Biocoop, La Vie Claire, Marcel et Fils, Bio c’ Bon etc. indépendants ou liés à une chaîne. A eux tous ils représentent 29 % du marché bio.

Selon les rédactions de Circuits Bio et de Biolinéaires en 2023 sur plus de 60 produits, les fruits et légumes bio seraient 18% moins chers dans les magasins spécialisés qu’en grande distribution¹. Les prix très variables d’un magasin à l’autre et difficilement comparable aux gammes des supers et hypermarchés généralistes car les produits sont différents.

Par ailleurs, on parle beaucoup du local, parfois en l’opposant au bio mais les Français ont choisi les 2 : 15% des produits bio passent par la vente directe à la ferme, circuit en hausse même pendant la crise du bio.

Plus de 28 000 fermes bio vendent leurs produits en direct sur le territoire, cela représente un maillage plus fin que les 18 000 points de vente cumulés des Leclerc, Carrefour, Auchan, et autre Intermarché…

Dans ces fermes (que vous pouvez géolocaliser sur l’Annuaire de l’Agence BIO), les prix sont très souvent plus que compétitifs et pour cause, aucun intermédiaire ne prend de commissions sur les ventes.

Enfin, cuisiner, en bio, c’est déjà activer l’un des six leviers permettant de faire baisser la facture finale. On peut par exemple privilégier le circuit court qui ôte les coûts de transports pour l’agriculteur. Il est également possible de s’orienter vers le vrac qui permet d’avoir les justes proportions et ne payer que ce qu’on consomme. Evaluer sa consommation de viande, et l’ajuster aux recommandations du Programme national nutrition santé et réinvestir une quantité excessive vers une plus grande qualité.

L’anti-gaspillage permis par l’absence de produits ultra transformés aide au réemploi, des légumes en soupe ou des fruits en compotes par exemple. Ajoutez à cela la saisonnalité : des mirabelles coûtent beaucoup moins cher fin août quand les arbres croulent sous le poids des fruits qu’en février quand on doit les importer…

¹Emilie Mayer, Circana

“Bio et végan, c’est un peu la même chose, non ?”

On pourrait répondre en un mot : ça n’a rien à voir ! L’agriculture biologique est un mode de production (y compris de viande, de lait ou d’œufs). Le mode alimentaire végan (ou végétalien) bannit les produits animaux mais aussi les produits d’origine animale.

Assimiler bio et véganisme, c’est un peu comme additionner des choux et des carottes. Ou des tomates et du saucisson.

Pour autant, la confusion existe. Peut-être parce que, dans l’esprit de certains, bio et véganisme sont deux « trucs de bobos » qu’il est facile de mettre dans le même sac des mangeurs de tofu et des militants de la cause animale.

Il est vrai que le monde de la bio a été pionnier pour les régimes dits d’éviction (sans gluten, végétarien…). Les magasins bio ont été les premiers à mettre en avant les protéines végétales, à vendre du tofu et des galettes de céréales.

Parmi les consommateurs réguliers de bio, 10 % se disent strictement végétariens (Étude BioNutriNet), ils consomment des produits laitiers mais pas d’animaux ni d’œufs. Ils sont donc légèrement sur-représentés que dans la moyenne française qui serait de 2,2% (source FranceAgriMer).

Il n’existe pas de données précises sur les véganes, qui refusent tout produit d’origine animale (y compris le miel), et qui représenteraient moins de 1 % de la population.

Le bio est, par essence, omnivore. Le règlement de l’agriculture biologique repose en effet sur le principe d’équilibre entre le sol, l’eau, les végétaux et les animaux – notamment parce que le fumier, les fientes et le lisier issus de l’élevage sont essentiels pour fertiliser les sols et leur apporter de la matière organique sans utiliser d’engrais chimiques. En clair : vive les bouses de vache et les fientes de poules pour faire pousser légumes et céréales !

Voilà pourquoi, dans les fermes bio, on trouve souvent à la fois des cultures et de l’élevage (#19). Sur 62 000 fermes bio, un tiers d’entre elles comptent à la fois des cultures végétales et de l’élevage. En général, elles destinent certaines de leurs parcelles à des prairie destinées spécifiquement à l’alimentation animale : ainsi, les animaux des fermes bio mangent bio et local, conformément au règlement.

Mais alors… Les bio mangent-ils autant de viande que le reste de la population ? L’étude BioNutriNet montre que les consommateurs réguliers de bio, sans être nécessairement végétariens ou véganes, respectent plus volontiers les recommandations du Programme national nutrition santé, qui recommande la consommation de 300 à 500g de viande par semaine hors volaille. Or, le ministère de l’agriculture montre qu’en 2022, les Français ont consommé 56 kg de porc, mouton ou bœuf, soit 1,1 kg par semaine en moyenne.

On peut donc piloter notre budget en cuisinant des lasagnes aux poireaux bio (un délice) ou du Dahl de lentilles corail avec des carottes et des épinards (succulent et protéiné !), pour s’offrir de la meilleure viande au repas suivant. Bon appétit !

Et puis en bio ce qu’on déteste par-dessus tout, ce sont les produits chimiques de synthèse ultra transformés ; on veut du naturel. Mieux vaut un bon steak d’une vache qui a eu des jours heureux dans nos pâtures, qu’une pilule synthétique remplie de protéines.

“Le bio abîme et épuise les sols par le labour et le cuivre”

On entend parfois dire : « les bios sont pour le labour, et labourer abîme le sol ». Si vous entendez ce discours, votre interlocuteur enchaînera probablement en vantant les mérites d’autres techniques comme l’agriculture régénérative ou encore l’agriculture de conservation des sols, lesquelles visent la régénération des sols et proscrivent le labour, imposent la couverture permanente des sols et diversifient les espèces cultivées.

Mais faut-il vraiment opposer ces approches et le bio ? Non !

Le règlement bio vise aussi à produire dans un sol vivant et à maintenir la fertilité des sols. En effet, il est indiqué que la production végétale biologique a recours à des pratiques de travail du sol et des pratiques culturales qui préservent ou accroissent la matière organique du sol, améliorent la stabilité du sol et sa biodiversité, et empêchent son tassement et son érosion.

Le cahier des charges de l’agriculture biologique autorise néanmoins le labour pour ne pas utiliser des herbicides, mais aussi pour aérer le sol, enfouir les matières organiques et les résidus des cultures précédentes pour nourrir la suivante, et casser le cycle de certaines maladies. Mais le labour n’est pas une obligation. D’autres formes de travail du sol plus en superficie existent avec des outils adaptés.

N’opposons pas bio et régénératif : on peut parfaitement être l’un et l’autre.

En revanche, il n’y a pas de définition légale ou réglementaire de l’agriculture régénérative, il s’agit d’un concept dont la base scientifique est peu fournie, et les interprétations nombreuses.

Depuis une dizaine d’années, les recherches s’accélèrent pour adapter l’agriculture bio au non-labour, et notamment pour trouver des solutions pratiques d’élimination des adventices (le terme utilisé en agriculture pour parler des « mauvaises herbes »).

C’est d’ailleurs au sein de la famille bio qu’est né le concept d’agriculture régénérative, qu’on doit notamment au Rodale Institute et à la Regenerative Organic Alliance d’Elisabeth Whitlow (« organic » étant le mot anglais pour désigner l’agriculture biologique). Mais à la fin des années 2010, l’expression « agriculture régénérative » a été reprise par de grands groupes de l’agro-alimentaire pour verdir leur approche productiviste, avec de nouveaux labels qui interdisaient certes le labour… mais autorisaient le glyphosate. Dès lors, nous n’avons pas de preuve scientifique que l’on peut « régénérer » avec du glyphosate, ce qui explique que les Agences de l’eau ne soutiennent pas financièrement l’agriculture dite régénérative. Sauf si elle est bio.

L’autre sujet clivant : le cuivre – notamment dans les vignes, où la « bouillie bordelaise » est utilisée comme fongicide, autorisé en bio, et qui nuit à la vie des sols.

Or, l’utilisation de cuivre est strictement encadrée (4 kg/an et par ha), en bio comme en non-bio. Et que les produits utilisés comme fongicides par les viticulteurs qui n’utilisent pas de cuivre sont souvent classés CMR (cancérogène mutagène reprotoxique).

Et attendant que les recherches en cours permettent de trouver une alternative à l’utilisation de cuivre, notons que jamais un captage d’eau potable n’a été fermé à cause d’une accumulation de cuivre. Alors qu’on en ferme plusieurs centaines par an pour cause de contamination aux nitrates ou aux pesticides… La France compte environ 33 000 captages d’eau potable. Toutefois, plus de 14 000 ont été abandonnés depuis les années 1980, notamment en raison de pollution aux nitrates et pesticides synthétiques.

“20 % de bio dans les cantines, c’est impossible, ça va faire exploser le prix des repas”

Si vous n’êtes pas parent d’élève, ou élu.e d’une collectivité locale, la question vous paraîtra peut-être incongrue.

Pourtant, ce chiffre de 20% de bio est dans la loi EGalim de 2018 qui fixe comme objectif minimum 20 % de bio en restauration collective (cantines, hôpitaux, restaurants universitaires, restauration d’entreprise) à l’horizon 2022.

En 2024, sur l’ensemble des 81 300 cantines de France, la moyenne était sous les 7%. Un peu plus selon ma-cantine.gouv, le site de l’État où les restaurants collectifs les plus appliqués déclarent leur taux de bio.

Ce qui fait dire à certains, un peu vite, que ce 20% était impossible. Pourtant, des dizaines de cantines le font déjà, avec 20 30, 50, même 100% de bio pour coût matière entre 1,80€ et 2,80€ pour prendre l’exemple de la restauration scolaire

Le coût matière (ou coût denrée) d’un repas ne représente qu’entre 20 et 30% du coût total d’un repas (hors dépenses d’investissements), entre 20 et 25% pour les chef.fes partenaires du programme Cuisinons Plus Bio. D’après l’ADEME, le surcoût lié à l’introduction de produits bio en restauration collective scolaire serait de

1) 0,08 € pour 20% de produits bio + 1 repas végétarien hebdo et limitation du gaspillage à environ 60g

2) 0,20 € pour 50% de produits bio + 2 repas végétarien hebdo et limitation du gaspillage à environ 60g

Avec 40 000 repas préparés quotidiennement, la Cuisine Centrale de Toulouse utilise 31% de produits bio. Besançon achète pour 46% de bio pour préparer ses 5000 repas. Et Épinal 44% pour ses 300 repas préparés. Et les étiquettes des maires engagés prouvent que le bio n’est ni de gauche, ni de droite.

Les départements gèrent les cantines des collèges : dans la Drôme 30 collèges dépassent les 27% de bio, en Dordogne 34 collèges sont à plus de 20%.

Dans les lycées, qui relèvent des régions, les niveaux d’introduction de bio sont plus faibles, 9,2% pour 2024.

Mais, avec près de 22% en moyenne de bio dans ses 95 lycées, la région Bretagne est la première à atteindre l’objectif EGalim !

Que ce soient des élus de gauche, ou de droite, des grandes ou petites villes, des territoires ruraux, dans chaque configuration il y a des pionniers qui font la preuve que respecter la loi EGalim, et même la dépasser est possible dans faire banqueroute.

Il a fallu d’abord une volonté politique pour bousculer les habitudes. Par exemple créer ou développer des filières locales d’approvisionnement, pour pouvoir faire du pain bio local il faut des moulins, des silos à grains, voire des boulangeries directement à la ferme pour transformer le blé du territoire.

Il y a plusieurs raisons à cela. La première, c’est que le coût des denrées elles-mêmes ne représente que 25 % du coût total d’un repas. Ensuite, le passage en bio s’accompagne en général d’un changement de pratiques. Il ne s’agit pas de remplacer chaque produit par son équivalent en bio.

Il s’agit surtout de cuisiner plus de produits frais, plus de produits bruts et d’utiliser moins de produits transformés et surtout ultra transformé. En achetant de grandes quantités ou en groupant les achats, les cantines peuvent bénéficier de prix attractifs auprès de producteurs locaux. Par ailleurs, les cantines bio limitent le gaspillage : on peut utiliser toute la carotte, par exemple, en se contentant de gratter la peau sans l’éplucher et gagner 15% de matière en plus.

Compass, gestionnaire de cantine, avait identifié dans sa filière du Centre-Val de Loire que la viande bio perdant 20% d’eau en moins à la cuisson, cela était bon pour l’équilibre matière ».

Par ailleurs les bio sont pionniers dans l’art d’avoir de beaux restes pour lutter contre le gaspillage et recycler en soupe ou gratin.

Si les 20% de bio étaient effectivement achetés par la restauration collective, alors cela créerait un débouché potentiel supplémentaire de près de 2M€ (deux milliards d’euros, en prix de gros).

Que ce soit les élus, ou les responsables de cantines, ou les fonctionnaires territoriaux, des structures23 les aident, et ils échangent entre pairs. Les mairies qui ont des fermes municipales pour approvisionner les cantines ont créé récemment un club d’échanges de bonnes pratiques.

Et pour ravir les enfants avec des recettes originales, ou pour donner aux cuisiniers des idées bio, il existe désormais des guides de recettes adaptées aux collectivités – on pourra recommander ainsi le livre de Pierre-Yves Rommelaere, « La cantine autrement », lui qui a connu les restaurants gastronomiques et qui œuvre aujourd’hui dans la cantine d’un collège de l’Aude.

Introduire plus de bio en restauration collective c’est possible ! Pour cela, quelques clés :

  • Réduire le gaspillage alimentaire : le gaspillage est souvent le premier levier activé car il permet de mobiliser tous les acteurs autour d’un objectif commun
    • Au total celui-ci représente 30% des denrées achetées (production et service inclus)
    • En lycée on a calculé que 120g jetés par repas coûtent 0,68€/repas.
  • Respecter les saisons permet de limiter l’impact des variations de prix
  • Réduire le nombre de composantes des repas : beaucoup d’établissements sont passés de 4 à 5 composantes
  • Ajuster les portions
  • Cuisiner plus de produits bruts
  • Connaitre son territoire et son offre et pas seulement celles des fournisseurs traditionnels, pour cela l’Annuaire Bio est un outil clef
  • Former les gestionnaires et les personnels de cuisine
  • Disposer d’outils performants de gestion de stock pour mieux piloter les achats

“On ne nourrira pas le monde avec du bio”

Le bio serait incapable de nourrir la planète. Plus qu’une production agricole, le bio se rapprocherait de la lubie sympathique, une version un peu améliorée du jardinage, en somme. Et comme il faut nourrir la planète, il faut accepter les inconvénients de l’agriculture avec chimie synthétique et herbicides, et laisser le bio au rang des loisirs de riches.

C’est aussi une question de répartition. Et de gaspillage : selon l’ONU, 1 milliard de repas sont gaspillés chaque jour. Cette déperdition colossale se passe à 60% au domicile des ménages, 28% dans les restaurants et 12% dans les magasins…

Cette idée reçue et portée par les détracteurs du bio sous-tend que les rendements du bio sont inférieurs et que le bio ne peut pas être généralisé. C’est de moins en moins vrai. L’utilisation massive d’engrais azotés en agriculture standard a appauvri les sols et les rendements n’y augmentent plus. Selon la filière et la région, le rendement en bio peut être inférieur à l’agriculture standard. De l’ordre de 15 à 25% de rendements en moins, par exemple, pour grandes les cultures. Peut-on dire pour autant que l’on ne pourrait pas nourrir tout le monde ? Pas avant d’avoir établi comment on veut nourrir humains, animaux d’élevage et voitures.

Actuellement, les deux tiers des cultures de céréales en Europe sont destinés à la nourriture animale. Si comme le recommande la FAO nous mangions des légumineuses 2 fois par semaine, alors des terres agricoles destinées à produire des céréales pour de l’élevage, ou du colza et des betteraves pour du biocarburant pourraient être employées pour des légumineuses, protéines végétales pour l’alimentation, notamment humaine et surtout très peu gourmandes en phytosanitaires, et nécessaires en bio pour réenrichir le sol faute d’engrais synthétiques.

Moyennant une diversification des sources de protéines consommées par les humains et une réduction du gaspillage, selon l’étude collective publiée dans Nature en 2017, il est possible de nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050 avec 100 % d’agriculture biologique. Ce résultat est sur le point d’être conforté à l’échelle française par une étude récente de l’INRAE / Métabio.

Toutefois, cette perspective est encore loin, la France en 2025 est à 10% de ses terres en bio.

“Le bio, ce n’est pas vraiment meilleur au goût”

Si le goût est éminemment subjectif, en revanche le bio n’a pas pour revendication d’être « meilleur » au goût. Seul le label Rouge, autre Signe de Qualité Officielle garanti par l’Etat ; prend en compte les caractéristiques organoleptiques d’un aliment. La certification bio, elle, dit comment est cultivé, élevé, ou transformé le produit : sans pesticides et engrais de synthèse, sans herbicides, sans OGM, en plein air, sans additifs de synthèse. Mais ne dit rien du goût final.

Dans un secteur à 12Milliads de chiffre d’affaires, il y en a pour tous les goûts. Des produits de terroirs tels le maroilles Bio ou l’abricot Bergeron bio, mais aussi des vins qui sentent le foin, des yaourts un peu aigres, ou du pain trop cuit. Et c’est normal, c’est un label agronomique, pas gastronomique. Toutefois, l’agronomie peut avoir un effet sur le goût. Nombreux sont certains chefs, cuisiniers, consommateurs, qui disent privilégier le goût du produit au bio, mais les deux sont tout à fait compatibles. Même souhaitable. Selon l’étude des chercheurs français Magali Delmas et Olivier Gergaud paru en février 2021 dans la revue Ecological Economics et fondée sur la notation de dizaines de milliers de vin : les vins bios sont mieux notés (en moyenne 6 points de plus) par les Parker, Revue des Vin de France et autres guides et revues dont ils ont compilé les notes en les croisant avec la labellisation ou non des vins. Pour expliquer un tel écart, les deux chercheurs citent plusieurs travaux indiquant que le recours moindre aux pesticides et fertilisants de synthèse permet de conserver la biodiversité des parcelles, la faune et la vie microbienne des sols et donc d’exprimer plus vivement les « terroirs ».

“Le bio, c’est politique ”

Si l’eau potable et la population des abeilles sont politiques, alors oui, le bio l’est.

Les détracteurs du bio évoquent un « lobby bio ». Un lobby est une organisation qui a pour mission de défendre des intérêts particuliers. Or, en se dotant d’objectifs de développement, les États font la preuve que le sujet du bio, un sujet d’intérêt général et national, et pas un sujet de lobbying. À l’exception de quelques pays, les pays de l’Union européenne sont tous dotés d’objectifs nationaux pour développer le bio, et de plans pluriannuels à cette fin.

En France, les objectifs sont de 18% de surface agricole utile (SAU) d’ici 2027, 21% d’ici 2030, et 20% dans les assiettes des cantines depuis 2022. En Autriche, l’État a aussi fixé 35% de SAU bio en 2030, 25% en Lettonie, Estonie, Finlande, et en Tchéquie. L’expression lobby bio est donc inappropriée. Les principes mêmes liés aux pratiques agricoles biologiques qui reposent sur un respect des équilibres naturelles en font une agriculture d’intérêt général. Les atouts reconnus par les scientifiques de l’agriculture biologique pour l’environnement, la biodiversité, la qualité des eaux, la santé des productions, des citoyens/consommateurs illustrent aussi cette dimension d’intérêt général. Au-delà d’être politique ou non, le bio n’est pas monolithique au sein de ses 85 000 opérateurs (producteurs, distributeurs, transformateurs). Parmi les 62 000 agriculteurs, ce qu’a en commun le petit agriculteur bio qui ne vend qu’en direct à sa ferme et sur les marchés avec de grands agriculteurs bio qui exportent leurs céréales ou leurs vins, c’est la certification bio qui atteste le respect d’un cahier des charges et des contraintes afférentes. Le quotidien d’un berger avec 100 brebis en estive dans les Pyrénées peut être très éloigné de celui d’un viticulteur à Reims qui exporte du champagne aux États-Unis. Il y a eu des pionniers du bio de tous bords politiques, depuis ceux qui cherchaient l’autonomie vis-à-vis des grandes firmes commercialisant herbicides et pesticides de synthèse, jusqu’à ceux rêvant plutôt d’un retour à la terre et au passé. Le bio n’est donc ni de gauche, ni de droite. Il n’est pas une fin en soi, simplement un moyen pour avoir de l’eau potable et des abeilles.