Avec Nicolas Patou, le bio part en tournée

Chanteur et musicien, Nicolas Patou assure depuis quatre ans l’animation du stand de l’Agence Bio au Salon de l’Agriculture. Il sera aussi cet été au micro du Bio Tour – de quoi mettre en valeur les producteurs de bio partout en France, avec un bus itinérant. A bientôt près de chez vous !

Vous l’avez peut-être croisé un jour dans le métro parisien. « La Fée du métro », c’est lui, le saltimbanque à la bonne humeur communicative qui donne des coups de baguette magique « à tous ceux qui font la gueule ».

Chanteur et vidéaste qui réalise ses propres clips, Nicolas Patou prend aussi parfois le micro… pour animer des stands sur des événements où les professionnels vont à la rencontre du public. « La grande majorité des animateurs micro sont souvent des artistes par ailleurs », précise celui que Ouest France qualifiait en 2021 « d’intermittent surdoué ».

Un showman au service des autres

Sa première animation remonte au début des années 2010, pour le compte des industries laitières, sur une foire commerciale à Nantes où il avait pour mission de défendre… le lait bio. Lui était déjà convaincu des bienfaits de l’agriculture biologique : « On dit souvent que le ventre est notre deuxième cerveau, dit-il. Il faut bien faire attention à ce qu’on lui donne ! » Mais il se souvient de débuts chahutés… « A l’époque, le bio dérangeait un peu »,  dit-il en narrant l’anecdote de ce producteur de lait non-bio venu crier au scandale (« un éleveur bio était là, il ma aidé à gérer la situation »), ou de cet organisateur qui, sous prétexte que le label AB ne représentait que 2 % du marché, avait placé le stand du lait bio… derrière un camion.

L’accueil du public, heureusement, est plus chaleureux. Nicolas prend goût à ce genre d’animation jamais facile. Et il finit par trouver son style : « Ce n’est pas parce que j’ai un micro que je dois faire le show, dit-il. Mon rôle, c’est de mettre de la vie sur le stand, et surtout de mettre les producteurs et les produits en valeur ». Avec quelques blagues ici ou là pour détendre l’atmosphère. « Il peut m’arriver de me lâcher et de pousser la chansonnette si l’atmosphère s’y prête, précise-t-il. Mais j’ai aussi appris à ne pas parler pour ne pas saturer l’ambiance. » Un animateur micro qui sait aussi se taire : Nicolas Patou a parfaitement intégré le principe de la jachère !

Mettre la vie sur le stand

En 2020, Nicolas Patou fait résonner pour la première fois sa voix chantante au Salon de l’Agriculture, sur le stand de l’Agence Bio. Un choix presque naturel, pour lui comme pour l’agence. « J’y ai trouvé des gens lumineux », dit-il. Entre quiz, présentation de producteurs et dégustations, il fait découvrir le bio aux visiteurs de façon ludique, à la fois facétieux et factuel. Cette année, sur le stand, on l’a plusieurs fois entendu poser aux enfants comme aux adultes cette question mystérieuse : Combien de bouses peut faire une vache en une journée ? On vous laisse chercher la réponse. « C’est une question qui interpelle toujours, explique Nicolas. Elle fait rire les enfants, mais elle permet aussi de développer plusieurs thèmes propres au bio : la santé des sols, la rotation des cultures, l’alimentation animale, le compost, le biogaz… » 

Mais son moment préféré reste celui de l’animation culinaire, où pendant deux heures il fait vivre en direct la transformation par des grands de produits bruts en des recettes enchanteresses que les gens peuvent déguster sur place… « Un de ces moments où on ne voit pas le temps passer ! »

Le « Bio Tour » 2024, grande première

En ce printemps 2024, Nicolas Patou le chanteur-animateur s’apprête à partir en tournée… avec l’Agence Bio. Le « Bio Tour », lancé en avril à Clermont-Ferrand et à Lyon, proposera des ateliers ludiques, des quiz, des rencontres de producteurs, des dégustations et même un jeu en taille réelle pour les enfants : le puissance 4 des salades. Le tout dans un bus éco-conçu qui roulera au Gaz naturel comprimé.

«Tout a été aménagé spécialement pour permettre de découvrir le bio dans toutes ses dimensions, créer des rencontres avec des producteurs et convaincre les gens qu’on peut cuisiner bio sans dépenser plus », résume Nicolas Patou. Le bus peut accueillir une vingtaine de personnes – mais c’est surtout à l’extérieur que l’animateur sera à son meilleur, pour rafraîchir les journées d’été, remettre quelques idées en place et mettre en valeur les producteurs locaux. « Je vois bien que beaucoup de gens sont perdus, témoigne-t-il. Il y a tant d’infos qui circule partout… Et je vois aussi le bien que ça fait aux producteurs quand ils sentent qu’on les défend, et qu’on va à la rencontre du public. »

Les prochaines étapes pour Nicolas seront dans le Sud-Ouest : Bordeaux (21-22 mai) et Toulouse (24-26 mai).

… Pardon ? Une question dans le public ? Ah, oui, bien sûr. Combien la vache produit-elle de bouses par jour ? La réponse est : douze. Nicolas Patou, décidément, a l’art du savoir ludique, et toujours le goût de la rime.

A bientôt sur la route !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Stéphanie Pageot, la qualité de vie en bio

Éleveuse laitière avec son conjoint en Loire-Atlantique, Stéphanie Pageot développe sa ferme tout en revendiquant l’envie de concilier travail et vie personnelle. Avec la bio pour boussole, pour bien vivre aujourd’hui et mieux préparer demain.

Ça pourrait être l’histoire d’une traversée de la France : Stéphanie Pageot, fille d’agriculteur bio dans les Vosges, s’est installée en 1998 en Loire-Atlantique, à Villeneuve-en-Retz, le village de son conjoint, Guylain. Mais son histoire raconte plutôt celle des évolutions de l’agriculture à l’orée du XXIe siècle…

« J’ai toujours su que je voulais m’installer en bio, raconte-t-elle. Pour mieux respecter les animaux, l’environnement, les sols, l’air, l’eau… et aussi les femmes et les hommes. » Avec un certain goût du défi, aussi, car le couple choisit de s’installer en reprenant une ferme non-bio, avec 65 vaches laitières. « Les débuts n’ont pas été faciles, avec les prairies qui donnaient peu », mais ils tiennent bon et développent leur activité. Si bien qu’en 2005, avec l’arrivée d un nouvel associé, la question se pose d’agrandir la ferme… Mais c’est un autre virage que les 3 co gérants de la ferme Marais Champs prennent « Nous avons fait le choix de créer  de la valeur ajoutée sur la ferme en  fabriquant  nos fromages fermiers, raconte Stéphanie Pageot. J’ai  un diplôme d’ingénieur en agriculture qui me donnait de bonnes bases sur la compréhension du vivant, j’ai suivi ensuite en 2005 une  une formation spécifique pour la transformation fromagère, et nous nous sommes lancés… » Le système se rôde peu à peu, et un an plus tard, le succès est au rendez-vous : la Ferme  embauche une personne, puis deux, puis trois…

Diversification et vente directe

Aujourd’hui, l’exploitation compte 117 hectares, pour une cinquantaine de vaches. Elle produit près de 250 000 litres de lait par an, dont les deux tiers sont consacrés au produit phare de la ferme : la tomme au lait cru – ainsi que des fromages frais épicés ou de la crème fraîche. Le dernier tiers est livré à Biolait, le petit lait, lui, permet de nourrir une trentaine de porcs qui contribuent à la vie de l’exploitation et fournissent de la viande bio d’excellence. Pour les débouchés, Stéphanie Pageot a visé local… mais large. « Le mot d’ordre, c’est la diversification des circuits de commercialisation, pour ne pas mettre tout notre lait dans le même panier, explique-t-elle. Nous livrons à la fois les grandes surfaces locales, des AMAP, et des cantines scolaires. » Sans oublier notre magasin à la ferme   ! « C’est extrêmement gratifiant d’avoir les retours directs des gens, qui nous complimentent sur nos fromages », sourit la responsable de l’exploitation. Elle se dit fière « d’avoir mis en place un système où on vit bien tout en faisant de produits de qualité », fière aussi de s’investir dans le réseau des productrices et producteurs bio de la FNAB (dont elle a été présidente de 2013 à 2018), notamment pour faire changer le regard sur la place des femmes dans l’agriculture.  

La qualité de vie comme objectif

Après vingt-cinq ans de métier, Stéphanie Pageot s’est fixé un nouvel objectif : celui de la qualité de vie. Certes, elle et son mari travaillent plus que 35 heures par semaine… « Mais nous veillons à avoir des conditions de travail proches de celles de nos salarié-es , glisse-t-elle ; et nous prenons cinq semaines de vacances par an. C’est important. »

En regardant plus loin encore, elle confie qu’elle n’est « pas sûre de terminer agricultrice ». Mais pas question pour autant de lâcher la bio ! « C’est l’agriculture de demain », insiste-t-elle. Celle qui protège la nature, l’eau et biodiversité tout en limitant l’impact climatique, avec les prairies qui absorbent le carbone ». Elle se voit bien mettre son expérience au service des autres en contribuant à la structuration de filières bio locales et équitables, qui rémunèrent justement les paysans-nes . Une autre façon de penser à la fois l’agriculture et ses débouchés, en somme : un esprit de système, au bénéfice de la nature, et de tous les consommateurs. Mais tout cela sera pour demain : aujourd’hui, ce sera le Tome 2, après la tomme 1…

Cultive, semeur de graines de changement systémique

Ensemble à la ville comme dans leur entreprise, Baptiste Saulnier et Vanessa Correa n’ambitionnent pas le bonheur en se repliant sur leur cocon, mais au contraire en prenant part à un mouvement de changement radical de notre modèle agricole. Cultive, leur programme de formation et d’aide à l’installation en agriculture biologique et intensive sur des petites fermes, ouvrira prochainement son campus avec l’objectif d’accompagner l’ouverture de centaines de fermes bio dans les dix ans qui viennent.

La ferme du Bec-Hellouin est le pendant de Nothing Hill pour les amateurs d’agriculture bio : un lieu de coup de foudre. Après avoir travaillé dans des fermes bio en Californie, en Colombie et en Israël, Vanessa Correa y séjournait en accompagnant un agriculteur désireux d’apprendre à mieux régénérer son sol et intensifier ses rendements. Elle y croise alors Baptiste Saulnier, ancien sportif de haut niveau (hockey sur gazon) reconverti en restaurateur autodidacte à succès, avec huit restaurants. Dans le dernier d’entre eux, il voulait monter un potager urbain, ce qui ne put se faire, alors il surmonta sa déception en insistant lourdement pour se former au Bec Hellouin « pour être certain qu’ils aient reçu mon mail, je venais chaque semaine chercher mon panier et j’en profitais pour les relancer, je les ai eus à l’usure ! ».

Passée la rencontre dans un des lieux saints de la bio, ils ne se quittent plus et changent de terrains d’expérimentations pour leurs méthodes d’agriculture bio intensive. Ces préceptes viennent de leurs deux mentors, le pionnier américain Eliot Coleman (84 ans) et la relève québécoise Jean-Martin Fortier (45 ans) chez qui Baptiste s’est formé. Leur philosophie vise à moderniser les vertus écologiques de l’agriculture pré révolution industrielle, non mécanisée, en en diminuant la pénibilité physique et en la rendant socialement plus attrayante. « Il y a aujourd’hui un déficit d’image très fort sur les métiers agricoles, avec des cadences éreintantes pour une rémunération trop faible, nos fermes cassent ce cercle vicieux en créant de nombreux emplois avec des salaires décents et des horaires compatibles avec une vie de famille », avance Baptiste.

Ce cercle vertueux n’est pas parfait qu’en théorie : ils l’ont concrétisé aux jardins de Chambord pendant 3 ans, dans ferme du Perche bio-intensive, où ils ont eu l’idée de Cultive, il y a un an et demi. Cette école de formation vise à créer un parcours métier en 4 étapes réparties sur un an, alliant 4 mois de théorie et huit mois de pratique pour être certain de la viabilité des projets, humainement comme économiquement. Selon Vanessa « 50% des repreneurs de fermes arrêtent au bout d’un 3 à 4 ans . La réalité quotidienne du métier étant plus dure que l’image un peu romantique et néo rurale dans laquelle ils s’étaient projetés. Avec Cultive, nous leur offrons la possibilité de s’assurer qu’ils aiment aussi désherber les carottes sous la pluie ou le gel, ou travailler le sol par canicule ! ». L’accompagnement ne s’arrête pas à ces mises en situation essentielles, mais va jusqu’à un appui personnalisé à la commercialisation. Pour Baptiste « lors de l’enseignement théorique, nous proposons une boîte à outils standard qui explique l’ensemble des moyens de distributions et modèles économiques qui existent, mais en réalité il y a autant de modèles qu’il y a de fermes : selon que vous soyez situé près d’une métropole ou plus enclavé, vous ne proposerez pas les mêmes débouchés. A Chambord, 50% de notre production était destinée aux grandes et moyennes surfaces de Blois, ça n’est évidemment pas duplicable avec une ferme isolée. En outre, il faut adapter aux envies des producteurs : la vente en direct le week-end est un excellent vecteur de développement, mais si vous voulez privilégier votre vie de famille, vous allez plus pousser sur d’autres canaux de vente ». Comment l’ancien restaurateur juge t’il ses homologues, bon derniers de la classe du bio, avec moins de 1% de produits bio vendus dans les restaurants français ? « Il faut continuer à faire appliquer la loi Egalim, qui assure des débouchés et des revenus aux agriculteurs bio et qui donnent de la visibilité à ces produits, les rendent incontournables. Je ne peux que déplorer que le facteur coût soit trop invoqué par les chefs, mais les choses bougent lentement : la ferme du Perche dans laquelle je travaillais livrait une trentaine de restaurants. Mais pour dupliquer cela, il faut surmonter les contraintes logistiques… J’espère juste que ça viendra vite ».     

Pour faire vivre tout le monde avec une petite surface il faut viser l’hyper rendement et anticiper les récoltes avec une planification optimale. Cette dernière inverse le cycle de production habituel : on part des débouchés potentiels, des différents canaux à acheminer, pour estimer les quantités nécessaires à semer. Pour parler chiffres, sur une ferme d’un hectare seulement, on emploie six ETP et on produit 30 variétés de légumes à l’ouverture et 50 en rythme de croisière pour une diversité d’espèces pouvant atteindre 175 (grâces aux nombreuses espèces de tomates et de betteraves, notamment). Les plantations sont prévues des mois à l’avance, pour optimiser les rendements, la clé du succès selon Baptiste : « 80% de notre production est transplantée et pas semée directement. Ceci nous permet d’avoir trois rotations de cultures par planches et d’augmenter de 90 jours leur production. Par ailleurs, la non mécanisation induit qu’on peut resserrer les lignes, puisqu’on désherbe à la main. Au final, c’est vraiment très compact, on a peu l’impression de faire un Tétris sur champ ! ». Le tout pour une production au m2 imbattable, avec 50 à 60 tonnes sur 7000m2 pour 260 000 euros de rendements, ce qui permet bien de payer les six salariés de la ferme, beaucoup plus qu’en agriculture conventionnelle, fidèle en cela à la maxime de Jean-Martin Fortier, « transformer l’agriculture de masse en une masse d’agriculteurs »

Des indéniables performances chiffrées, les fermes prônées par Baptiste et Vanessa visent une dimension esthétique au service de l’écologie. Cette dernière a d’ailleurs appris de ses expériences hors de France : « Quand j’étais en Israël, j’ai été très inspirée par Neot Semadar, une ferme luxuriante au milieu du désert avec une gestion de l’eau exceptionnelle. Là-bas, toutes les eaux grises et usées, tous les résidus d’eau salée servent à l’agriculture, rien n’est perdu ! ». Ce souci de préserver l’eau passe aussi par une protection du sol, avec des couvertures qui limitent l’évaporation et une récupération de toutes les eaux usées. L’efficience environnementale ne se fait pas au détriment du paysage, au contraire. Pour Baptiste : « nous vivons l’agriculture comme un art. Travailler sur l’image des métiers agricoles, c’est aussi penser le cadre de travail. Dans nos fermes, on installe des bassins, des haies, on vise à embellir les fermes dans une même stratégie globale de rayonnement territorial. C’est la même logique d’attractivité pour tout : de beaux espaces, de bonnes conditions de travail, du travail en commun pour attirer un maximum de candidates et candidats ». Avant qu’ils n’arrivent, Vanessa et Baptiste conseillent et accompagnent déjà leurs premiers clients Cultive dans la mise en place ou la montée en rendement de leurs fermes maraîchères avec des objectifs très élevés : doubler les rendements et faire décoller le chiffre d’affaires.

Dès novembre 2024, le Campus Cultive ouvrira ses portes à une 1ère promotion de 25 impétrants agricole. Au programme : 4 mois de théorie et 8 mois de pratique. L’ambition affichée est de former 1600 élèves et d’accompagner l’installation de plus de 600 fermes dans les dix années à venir. Fort logiquement, les préceptes de Cultive déconstruisant toutes les normes dominantes, les candidates et candidats au campus sont diversifiés et détonnent des profils actuels. Trois grandes catégories se détachent : les personnes en reconversion aspirant à la néo ruralité, énormément d’agriculteurs et maraîchers déjà en poste qui veulent changer leur système de production pour mieux gagner leur vie et des enfants d’agriculteurs désireux de reprendre la ferme familiale en augmentant la valeur crée. Dans les trois cas, on retrouve plus de femmes que d’hommes. À celles et ceux qui pestent de ne pas toujours trouver de bons produits bio à côté de chez eux, patience, la relève arrive en masse !

 

 

 

Benoît Soury, pilier du XV de France du bio

À l’heure où la bio toute entière traverse une période mouvementée, le Directeur du Marché Bio Groupe de Carrefour plaide l’unité comme moteur de la reconquête des consommateurs.

Nombreux sont ceux qui rentrent dans la bio comme dans les ordres, par vocation, par absolu. Pas Benoît Soury, qui n’a pas cherché à aller vers la bio, mais quand celle-ci est venue à lui il y a 30 ans et l’a happée, c’était pour ne plus jamais la quitter. « J’ai été approché par un cabinet de chasseurs de têtes qui cherchait un Directeur Général pour Distriborg, notamment propriétaire de la marque Bjorg. J’ai été séduit par le projet d’entreprise, appartenant à son fondateur, mais également par la nature des produits avec un cahier des charges et des normes très exigeantes. La complexité du projet alors que nous étions aux prémices du bio en GMS m’a convaincu ».  

Sa carrière suit la même courbe ascendante que le bio pendant deux décennies : d’abord patron de la distribution spécialisée de Distriborg (avec les marques Bonneterre et Evernat) de 1994 à 2002, il va ensuite saisir l’opportunité de s’associer pour racheter la vie Claire, dont il va accompagner l’essor jusqu’à en faire le 2ème réseau de France. Nous sommes alors post scandale de la vache folle et le rapport des français à l’alimentation change avec une forte angoisse sanitaire : « On voyait les familles faire face aux dérives d’une alimentation trop transformée qui voulaient trouver des produits plus sains en circuits plus courts avec des entreprises à caractère familial. En face, les agriculteurs étaient aussi désireux de produire et nourrir autrement. Nous étions alors dans une boucle très vertueuse : chaque création de magasin s’accompagnait d’une demande consommateur très forte. Nous faisions même face à des pénuries de matières premières ! En quelques années, nous sommes passés de 0,5% de la surface agricole utile (SAU) à 8 ou 9%. La volonté des consommateurs de préserver d’abord leur santé, puis la planète, a accompagné ce mouvement ».  

L’aventure s’arrête – pas de son fait – en 2018 et Benoît croise alors la route des dirigeants de Carrefour qui sont en pleine mutation sur le sujet. Un an plus tôt, ils se donnaient comme nouvelle ambition « la transition alimentaire pour tous » et la volonté d’être un leader européen du bio. « Je suis rentré chez Carrefour avec l’ambition de co-construire, avec nos équipes marchandises, la marque Carrefour Bio et en faire un leader européen. Aujourd’hui avec ses 1200 références, la marque Carrefour Bio est la première marque bio en France,  mais aussi en Belgique, Espagne, Italie… L’essentiel, qui n’est pas assez connu du public, est que nous l’avons fait en investissant sur le long-terme aux côtés de 4 500 agriculteurs. Cela fait de nous le premier financeur du monde agricole bio ». La contractualisation, concrètement, convertit en une année des dizaines de producteurs de lait du centre de la France, associés à des embouteilleurs, leur garantissant ainsi des débouchés pour des millions de litres sur 3 ans.

Quand certains opposent de façon artificielle bio ou local, Carrefour choisit les deux, avec 100% des fruits et légumes bio hors agrumes et 100% origine France, idem pour la viande bio. Des fondamentaux qui perdurent malgré une crise sévère pour le bio et face à laquelle Benoît Soury affiche un optimisme empreint de réalisme : « nous sommes le seul pays à l’équilibre entre production et consommation. Notre marché est né de la volonté commune des producteurs et consommateurs. Bien sûr, quand vous avez 8% d’inflation et 20% d’inflation alimentaire, il y a des choix qui sont faits sur ce segment. Cela nous a fait perdre les jeunes, les occasionnels et ceux pour qui le choix du bio était un luxe. En outre, tout un tas de concurrents avec des cahiers des charges privés (comme zéro pesticides, et autres) ont brouillé la perception du grand public, ce qui n’aide pas. Pour autant,  Carrefour veut continuer à créer, développer et racheter des magasins. En outre, quand on interroge les consommateurs, leur aspiration à manger mieux et sain reste forte même s’il y a un delta entre aspiration et capacité. Mais notre noyau dur est resté fidèle ». Une manière de dire que le plus dur est passé et que les saines alliances entre producteurs et consommateurs responsables vont repartir de l’avant.

 

Alan Testard, le bio comme un sport collectif

S’installer seul comme maraîcher bio, sur des terres encore jamais exploitées : le Breton Alan Testard n’a pas choisi la voie la plus facile. Mais il réussit, en misant sur l’ultra-local… et le collectif.

Un convaincu qui a plaidé la beauté du métier agricole en bio lors de son audition à l’Assemblée Nationale pour la Loi d’Orientation agricole mardi dernier.

C’est l’histoire d’un fils d’artisan qui s’installe comme maraîcher… et qui aujourd’hui aide les nouveaux agriculteurs à s’installer, ou les anciens à transmettre leur exploitation. Le fil rouge de son parcours ? Un fil vert, plutôt : c’est la bio, pour les services environnementaux qu’elle rend mais aussi pour les défis techniques qu’elle impose… Avec un rapport toujours intime à la nature, et au territoire.

Alan Testard n’est pas né dans un champ, mais il est né dans le bio. « Mon père était boulanger bio, et cultivait un grand jardin à la campagne », raconte-t-il. Attiré par le bio « pour son aspect naturaliste », il commence par travailler dans des associations de protection de la nature (Bretagne Vivante, Eaux et forêts de Bretagne…), mais militantisme et travail de bureau l’éloignent de ce monde agricole qui l’avait toujours attiré. Il projette alors de s’installer comme maraîcher, « pour concilier économie et écologie ». Mais trouver un terrain convenable se révèle plus compliqué que prévu : il lui faudra quatre ans et un coup de hasard pour finalement trouver, en 2007, une parcelle nue d’un peu plus de 3 hectares, à Acigné (Ille-et-Vilaine).

« Il y avait tout à faire, même faire venir l’électricité ! » se souvient Alan Testard. Il fait même construire sa maison sur la parcelle. « Avec le recul, c’était une erreur que de m’installer seul », ajoute-t-il en regrettant de n’avoir pas pu prendre de congé parental. Dès le premier été, il embauchera quelqu’un pour travailler avec lui. Mettant toute sa passion dans sa ferme, il rationalise les espaces, prévoit les rotations, cherche des débouchés… et les trouve. « Tout a commencé à Acigné même, avec la restauration collective et un marché. Puis une AMAP est venue… c’est ma voisine qui faisait du blé panifiable et, en me voyant faire son pain, elle s’est dit qu’elle pourrait transformer son blé et devenir éleveuse/boulangère. »

Aujourd’hui, avec deux personnes à plein temps et un saisonnier, la ferme produit une quarantaine de fruits et légumes différents, dont près de 80 % sont commercialisés « en vente très directe », dans un rayon de 5 kilomètres. Et ça marche. 

Après 15 ans, Alan Testard s’efforce de concilier son activité avec sa vie personnelle et avec ses valeurs, et poursuit son engagement au sein du groupement d’agriculteurs bio (GAB) d’Ille-et-Vilaine, Agrobio35. « L’agriculture bio est si éloignée de ce que j’ai pu apprendre pendant mes études ! dit-il. Je me souviens, à l’époque on ne parlait que de production, de volumes, de mécanisation, d’optimisation pour la PAC…

L’agriculture biologique est d’abord une question de mentalité, explique-t-il. Il faut abandonner des réflexes acquis, arrêter de regarder les indicateurs de production, repenser le temps de travail en donnant plus de place à l’observation, adopter de nouvelles méthodes : prairies, rotations, assolement… « La réussite passe aussi par de grosses compétences techniques. Il ne s’agit pas de calquer un système mais d’y aller petit à petit, d’observer, de tester, de maîtriser tous les aspects en considérant la nature comme une collaboratrice. » Cette technicité « peut faire peur aux agriculteurs chimiques habitués à la boite à outils chimique synthétique, riche de centaines de molécules», mais au final, elle permet d’obtenir de meilleurs résultats, avec une satisfaction bien plus grande. Travailler moins pour gagner plus, en somme – en consacrant  la moitié du temps aux cultures, et l’autre à la distribution.

Et tout cela, sans jamais oublier le collectif ! « Le bio, c’est une culture de partage, où on accueille tout le monde », insiste Alan Testard. Le partage commence avec l’exploitation bovine voisine dont il utilise le fumier pour fertiliser ses sols.

Une sorte d’agriculture circulaire, quoi.

Mais au-delà, c’est tout un réseau qui joue un rôle essentiel pour partager les techniques et les expériences. « S’installer en bio est beaucoup plus facile aujourd’hui qu’il y a quinze ans ! se réjouit-il. Maintenant, nous pouvons échanger des plannings de culture complets, nous savons quelle eau utiliser… » Il salue ces paysannes et ces paysans qui militent et partagent bénévolement, insiste sur la force du groupement qui a contribué à structurer des filières qui aujourd’hui fonctionnent bien, et dont les fermes sont ouvertes au public pour la moitié d’entre elle.

Le réseau bio, et le métier sont attractifs pour de nouvelles générations, et Alan est a pied d’œuvre pour que l’atout bio ait toute sa place dans la transition agricole.

Retrouvez son audition parlementaire sur le sujet ici Commission des affaires économiques : Audition de l’Agence BIO et de la Fédération nationale d’agriculture biologique – Mardi 2 avril 2024 – Vidéos de l’Assemblée nationale (assemblee-nationale.fr)

Appel A Projet élargi déploiement d’actions de promotion et d’information en faveur de l’agriculture biologique dans le cadre de la campagne Bioréflexe

Contexte

Face à la crise structurelle et conjoncturelle rencontrée par le secteur de l’agriculture biologique, l’Etat renforce ses actions envers le secteur bio. Les actions précédemment menées sur la communication envers les produits biologiques, plus particulièrement la campagne Bioréflexe, ont été des leviers efficaces et pertinents pour faire connaître et valoriser les spécificités des produits issus de l’agriculture biologique. Les moyens alloués aux actions de communication sont donc renforcés en 2024.

En 2024, les pouvoirs publics ont ainsi affecté 8 M€ TTC (6,4 M€ HT) à des actions de promotion et d’information pilotées par l’Agence BIO, dont 5 M€ TTC dans le cadre de la Planification écologique. Il s’agit de donner de l’ampleur à la communication et notamment à la campagne de communication Bioréflexe conçue et déployée depuis 2022.

Cet appel à projet, permettra de mettre en œuvre une déclinaison territoriale de la campagne de communication et d’information Bioréflexe, afin de porter la voix et l’image du bio au niveau local et valoriser la bio dans les territoires : diffusion de messages informatifs en faveur de la production et de la transformation de produits biologiques par tous canaux et au travers d’outils adaptés aux réseaux et points de ventes en région comme des animations à la ferme ou en points de vente.

Cet AAP complète le précédent AAP du 05 avril 2024  – Déploiement d’action de promotion et d’information en faveur de l’agriculture biologique –  afin de permettre la mise en œuvre de campagne de communication en faveur de l’agriculture biologique dans davantage de régions.

objectif

Afin d’informer et promouvoir les atouts de l’agriculture biologique et des produits biologiques, l’Agence BIO lance un nouvel  Appel à Projet (à l’identique mais avec des précisions quant à la nature des partenaires du porteur du projet) à destination des acteurs territoriaux représentant l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur en bio (production, transformation, vente).  

Le présent appel à projet entend sélectionner des projets de coopération associant au moins 2 acteurs territoriaux afin de promouvoir et développer l’agriculture biologique. Les projets présentés doivent mettre en œuvre sur leur territoire des actions de communication et de promotion de l’agriculture biologique sur la période de mai (Printemps BIO) à fin novembre sous la bannière de la campagne nationale #bioreflexe. Les projets proposés devront s’inscrire dans la stratégie d’information nationale déployée par l’Agence BIO selon trois axes, en expliquant ce qu’est le bio, pourquoi c’est bon et comment il est possible d’en manger plus quel que soit son budget.

Les projets présentés veilleront également à la cohérence avec les plans d’action bio régionaux lorsqu’ils existent.

Les projets sélectionnés bénéficieront d’une subvention globale de 50 000€ TTC maximum par région administrative en métropole avec un seul porteur de projet par subvention.

Les projets sélectionnés bénéficieront d’une subvention globale de 12 500€ TTC maximum par département d’Outre-Mer avec un seul porteur de projet par subvention.

Il ne peut être sélectionné qu’un seul projet de développement de la communication par région ou département d’outre mer que cela soit au titre de l’AAP promotion et communication en faveur de l’agriculture biologique (05 avril)  ou du présent  AAP : si un projet régional bénéficie d’une subvention au titre d’un des deux AAP, aucun autre projet de cette région ne pourra bénéficier d’une subvention au titre de l’autre AAP.

Régimes d’aide, structures et actions éligibles

  • Le régime d’aide éligible est :

Le régime SA.108057 Aides à la coopération dans le secteur agricole pour la période 2023-2029, qui vise à soutenir l’émergence et le développement de coopérations bénéficiant au secteur agricole afin notamment de développer de nouveaux marchés plus rémunérateurs ou de maintenir des marchés existants.

Les aides sont accordées en vue d’encourager la coopération d’au moins deux candidats acteurs opérant ou non dans le secteur agricole, dont l’objet de la coopération est la promotion et le développement de l’agriculture biologique auprès du grand public.

Les porteurs de projets sont soit :

  • des associations à caractère interprofessionnel Bio (Interbios) régionales
  • ou des associations d’agriculture biologique régionales

Il est requis qu’il y ait un seul porteur de projet obligatoirement associé à au moins une des structures suivantes :

  • associations régionales
  • chambres consulaires
  • collectivités territoriales
  • coopératives

Les structures qui détiennent la majorité des droits de vote de l’organe d’administration ou de direction d’une structure candidate à cet appel à projet ne sont pas éligibles à cet appel à projet.

Sont exclues de ce régime d’aide les entreprises en difficulté au sens du point (33) des lignes directrices de la Commission européennes concernant les aides d’Etat dans les secteurs agricoles et forestier et dans les zones rurales. Les aides ne seront pas non plus octroyées aux entreprises qui ont des aides déclarées incompatibles avec le marché intérieur à rembourser.

  • Actions et dépenses éligibles :

Les aides couvrent les coûts admissibles suivants :

  • coûts des activités de promotion et de développement de l’agriculture biologique comprenant les frais de fonctionnement, les coûts des prestataires de communication, les activités de foires et salons. (Intensité de l’aide : 100%).

Sont ainsi éligibles les actions visant à :

  • développer des outils et des activités d’information et de promotion, l’achat d’espace dans la presse, en radio ou pour de l’affichage
  • l’organisation de salons, foires ou manifestations et les actions d’animation à visée pédagogique et destinées à promouvoir et informer sur les produits agricoles ou alimentaires issus de l’agriculture biologique, la consommation bio à domicile, en restauration collective, commerciale
  • le financement d’actions d’influence,
  • les frais de fonctionnement liés à la mise en œuvre de ces actions.
  • l’organisation de salons, foires ou manifestations et les actions d’animation à visée pédagogique et destinées à promouvoir et informer sur les produits agricoles ou alimentaires issus de l’agriculture biologique, la consommation bio à domicile, en restauration collective, commerciale
  • le financement d’actions d’influence,
  • les frais de fonctionnement liés à la mise en œuvre de ces actions.

Les supports proposés devront respecter la charte Bioréflexe, réutiliser le slogan développé ainsi que le bloc marque. (Charte graphique sur le site de l’Agence BIO)

  • Les actions doivent reprendre et valoriser la campagne nationale Bioréflexe développée par l’Agence BIO avec une reprise de l’accroche et/ou une personnalisation régionale de celle-ci : « Pour nous, pour la planète, pour nos producteurs locaux » et / ou avec une personnalisation « Pour nos producteurs de région X ».
  • Les actions doivent être cohérentes avec les plans d’actions de communication régionaux lorsqu’ils sont mis en place.

Les actions éligibles sont celles qui sont déployées entre le 1er mai et le 30 novembre 2024

Ne sont pas éligibles :

  • Les actions destinées à des pays tiers.
  • Les actions se référant à une marque commerciale.

Eligibilité

Cet Appel à Projet vise les régions françaises, à raison d’un seul projet sélectionné par région et par département d’outre-mer français. 

Contenu du dossier de candidature

Les pièces suivantes sont à fournir impérativement pour qu’un dossier soit réputé complet :

–     Fiche synthèse du projet (1 à 2 pages maximum : contexte, objectif, cibles, actions proposées/dispositif avec résultats attendus/chiffrés – dates/période de mise en œuvre du dispositif /actions)

  • Fiche porteur de projet, signée par son représentant légal
  • Présentation du projet : projet d’actions et de visuels / Tableau des dépenses prévisionnelles du projet sur la base de devis
  • Les statuts de l’association
  • Le dernier rapport d’activité
  • Le budget prévisionnel annuel de l’exercice courant
  • Les comptes annuels de l’exercice précédent
  • Le RIB du porteur de projet

 

Processus de sélection

Les dossiers complets reçus seront instruits dans le cadre d’un comité restreint incluant l’Agence BIO, le ministère en charge de l’agriculture et de le ministère en charge de l’environnement. Le comité de sélection pourra solliciter une audition des porteurs de projets.

L’Agence BIO pourra demander des pièces complémentaires au porteurs.

La date prévisionnelle de ce comité de sélection est prévue à partir du 6 mai 2024, après la clôture de l’appel à projet.

Modalités de versement de l’aide

Si le projet est éligible, les aides sont versées sur la base d’une convention établie entre l’Agence BIO et les structures ayant présenté un projet conforme aux objectifs globaux du présent Appel à Projet. L’aide octroyée par région et par bénéficiaire est de 50k€ TTC maximum en métropole et de 12 500 euros TTC maximum pour les départements d’outre-mer. Les projets portés dans des régions bénéficiant d’une aide au titre de l’AAP du 05 avril 2024 – promotion et communication en faveur de l’agriculture biologique –  ne peuvent pas bénéficier d’une subvention au titre de cet AAP.

Cette convention décrit le projet et précise le montant de l’aide allouée au porteur de projet ainsi que les conditions dans lesquelles l’aide est octroyée.

Une avance de 50 % maximum peut être versée dès la signature de la convention et le solde sur demande de paiement accompagnée de justificatifs attestant de la bonne réalisation du projet : factures et bilan d’activité et financier fournis au plus tard le 31 décembre 2024.

Modalité d’actions :

Le financement se fera sur la base d’un programme d’actions détaillé, incluant notamment :

  • Organisation de manifestation, foire, salon : location d’espaces, prestations externes, achat de produits en vue de démonstration, présentation du dispositif envisagé
  • Promotion via divers canaux de communication (presse quotidienne régionale, radio, affichage)
  • Création et de diffusion de supports
  • Animations visant la promotion de l’agriculture biologique
  • Actions influences
  • Frais de fonctionnement afférents à ces activités

 

Critères de sélection

Les dossiers de candidatures seront appréciés au regard des critères suivants :

  • La capacité à promouvoir le bio en tant que mode de production et mode de consommation, de façon transversale
  • Le savoir-faire en matière de mobilisation des acteurs du bio autour des actions de communication, d’animation, de visibilité, de pédagogie
  • La clarté et précision des actions et des déclinaisons opérationnelles prévues

Cohérence stratégique de la candidature

  • Clarté des objectifs recherchés au niveau territorial, mise en valeur des spécificités du bio territorial
  • Cohérence avec la campagne nationale Bioréflexe
  • Cohérence avec les campagnes de communication régionales, lorsqu’elles existent.

Qualité de la proposition

  • Clarté des messages proposés et des modalités selon lesquelles sont mis en avant les spécificités et/ou les avantages de l’agriculture biologique et de ses produits
  • Nombre de manifestations et d’outils mis en place ou distribués
  • Moyens techniques, humains et financiers mobilisés pour la mise en œuvre des actions prévues

Impact

  • Évaluation des impacts attendus
  • Effectifs touchés
  • Périmètre géographique concerné (% des départements de la région)
  • Moyens prévus pour assurer le reporting de la campagne et son efficacité

L’appréciation de chacun des critères s’effectuera sur la base des éléments de réponse apportés dans le dossier de candidature.

Annonce des résultats :  7 mai  2024 – à partir de 10 heures.

Avec « Écotable prend le control ! », le village Gaulois de la restauration engagée résiste plus que jamais !

TEMPS 1 : Laure Verdeau

Laure Verdeau a rappelé, chiffres de l’Agence BIO à l’appui, que l’agriculture bio, moins dépendante du transport et de l’énergie a vu ses prix moins flamber que le reste de l’alimentation et qu’en respectant les leviers de la transition alimentaire que porte l’ADEME (moins de gaspillage, plus de saisonnalité, plus de végétal et de légumineuses). Les chefs engagés le disent : en se disant que «la nature propose et les restaurateurs disposent », on peut construire un menu engagé et abordable.

TEMPS 4 : QUEL MARQUE EMPLOYEUR

Pour se démarquer dans la restauration et attirer des talents dans les cuisines et des clients en salles, les deux derniers débats ont mis en lumière des restaurateurs heureux de leurs conditions de travail Conclusion : dédiée à l’importance capitale de la santé dans l’alimentation, le docteur Jean-David Zeitoun a alerté sur la pente dramatique que nous empruntons et qui nous mène à un « suicide de l’espèce » pour reprendre le titre de son dernier livre…

Alors qu’un coup de gel potentiellement dramatique pour notre agriculture se répandait sur la France, le lundi 22 avril 2023 une ambiance beaucoup plus chaleureuse se répandait à Ground Control, un nouveau lieu d’échanges culturel près de la Gare de Lyon, à Paris.

L’événement « Écotable prend le control » s’y est tenu avec plusieurs centaines de personnes venues écouter des conférences, échanger entre acteurs du bio, de l’antigaspi, du sourcing direct…Acheter et se faire dédicacer des livres d’autrices et auteurs engagés comme les restaurateurs Vanessa Kryceve, de crique comme Esterelle Payany ou le chercheur Christophe Lavelle. Le cerveau et les oreilles ne sont pas les seuls à être rassasiés puisqu’on pouvait déambuler dans les stands et ravir nos papilles avec des produits bios et succulents comme le pain de Pane Vivo d’Adriano Farano, les pâtisseries de chez Melillot et boire des cocktails et vins bio (avec modération) ou des Kombucha ou limonade bio pour les plus raisonnables….

TEMPS 2 : CHRISTOPHE LAVELLE

Christophe Lavelle du Museum Nationale d’Histoire Naturelle et formateur dans les écoles de cuisine a montré le chemin à parcourir puisque la saisonnalité et la manière dont on cultive les produits sont toujours aussi peu enseignés… D’où la difficulté à fédérer des filières. C’était le 3ème temps : Elisabeth Valet de Éthic Ocean a rappelé que les restaurateurs faisant le choix du bio sont des « résistants ». Et Valérie Gramond, fondatrice de Green Lobby a exposé sa manière de faire de l’entrisme en faisant rentrer le bio dans les lieux de pouvoir…

Ceci posé, vient le temps du palmarès des Tables Engagées.

14 prix pour des démarches de restaurants vraiment vertueux avec Fanny Giansetto, fondatrice d’Écotable, en majestueuse maîtresse de cérémonie. Une pléiade de VIP (Alain Ducasse, Audrey Pulvar, Chloé Charles, Olivier Roellinger…) étaient là pour remettre ces prix à des initiatives exemplaires en termes de zéro déchet, de commerce équitable, de traiteurs et restaurateurs…

La soirée s’est prolongée joyeusement avec des dégustations offertes par dix stands à 4 mains et 20 chef.fes engagé.es, le tout dans une ambiance dansante.

Nos parents avaient le guide Michelin, notre génération aujour’hui a le fooding, les enfants auront le Michelin, le Fooding et Ecotable.

Une journée de bande annonce de la restauration de demain, bonne propre et juste, donc forcément avec du bio dedans.

Julien Adda et le Réseau Cocagne : « soutenir le projet social de la bio »

Depuis 1999, les Jardins de Cocagne font pousser des emplois en insertion dans des fermes pionnières de l’agriculture biologique. « Nous faisons dialoguer le monde agricole et le monde social », explique Julien Adda, directeur du Réseau Cocagne. Et c’est bon pour tout le monde.

Il y a ceux (et celles) qui rêvent d’un pays de Cocagne, et il y a celles (et ceux), pragmatiques et engagés, qui préfèrent les bâtir. Julien Adda est de ceux-là. Infatigable militant associatif, il est venu au bio non pas par l’alimentation, mais par… les chaussures. « En 2006, j’ai participé à la création d’une marque de chaussures équitables à Romans-sur-Isère, avec tannage végétal du cuir, raconte-t-il. Cette aventure m’a fait rencontrer de nombreux acteurs de l’écosystème bio… » Le courant passe si bien que Julien Adda devient en 2010 délégué général de la FNAB, à laquelle il apporte son regard extérieur et son expérience du plaidoyer associatif. « Je viens d’un milieu rural mais c’est avec la FNAB que j’ai véritablement découvert le monde agricole, confie-t-il. Une découverte dont on ne revient jamais vraiment, parce qu’elle touche à l’essentiel. »

A la tête de la FNAB, il se bat pour faire reconnaître l’utilité publique du travail des agriculteurs bio – notamment la protection de ces biens communs que sont les sols et l’eau. Après sept ans de mandat, il se rapproche encore des champs et prend en 2017 la succession du co-fondateur du Réseau Cocagne. Son défi ? Rapprocher le monde agricole et le monde social, et réaliser l’alliance opérationnelle de ces deux logiques d’intérêt général : « Parlons des situations de travail dans l’agriculture et nous pourrons dialoguer et construire ensemble hors des positions caricaturales », propose-t-il.

Le goût de l’intérêt général

Le prototype de Jardin de Cocagne est né en 1991 dans le Doubs, sur une idée visionnaire empruntée à une ferme près de Genève : celle de paniers bio (les AMAP n’existaient pas encore !) et solidaires car produits par des personnes issues de l’hébergement social.

Le Réseau, lui, s’est développé à partir de 1999, en démultipliant les embauches de ces personnes en situation de précarité dans des fermes associatives maraîchères labellisées AB. « Il y a une vraie dimension thérapeutique au travail de la terre en bio : c’est porteur de sens, et réellement gratifiant », insiste Julien Adda.

En 2023, le Réseau Cocagne compte plus d’une centaine d’associations : des exploitations de 5 ha en moyenne où travaille une trentaine de personnes, dont une vingtaine en contrat d’insertion (6000 personnes accompagnées chaque année !), et qui proposent des paniers aux familles adhérentes – ainsi que des paniers solidaires pour les personnes en situation de précarité alimentaire, des étudiants jusqu’aux familles nombreuses.

Plus d’un million de paniers par an, du format duo aux familles nombreuses, pour un tarif lissé sur l’année allant de 10 à 18 euros. Des fruits et légumes archi frais, bio, locaux et forcément de saisons accompagnés de recettes ces paniers sont aussi une façon de soutenir le projet social des Jardins de Cocagne ! Et pour ceux qui ont des revenus limités, il existe solidaire : maximum 4€ / panier pour bénéficier des mêmes fruits et légumes de qualité ! Plus de 100 000 Paniers Solidaires ont ainsi été distribué en 2022,  il ne reste plus qu’à passer à l’échelle à 300 000 paniers solidaires d’ici 3 ans grâce au programme Mieux manger pour tous du ministère des solidarités.

Inventer un avenir bio et solidaire

Le Réseau Cocagne s’active en permanence pour trouver un maximum de débouchés pour les produits de ses fermes. Les Jardins créent ainsi des activités de transformation alimentaire et des plateformes logistiques, pour enrichir la palette de métiers proposés – tout en s’intégrant dans les filières agricoles des territoires.

Le Réseau Cocagne déploie également une expérimentation démarrée en 2021 à Lorient, nommée « Fais pousser ton emploi », qui s’inspire des chantiers d’insertion pour faire naitre les vocations et accompagner la reprise ou l’installation de fermes en bio. Utile en ces temps de départs à la retraite massifs des agriculteurs.

Des centres sociaux aux étoiles du chef

La transition alimentaire par le social, Les Jardins de Cocagne s’y emploient auprès de leurs 32 000 familles adhérentes, et avec plus de 1 500 points de dépôt – dans les centres sociaux, les associations, les entreprises… et jusqu’aux cuisines d’un chef étoilé, en Ardèche !

Le Jardin du Terreau, à Cruas, travaille en effet avec Florian Descours, le talentueux et créatif chef du restaurant La Boria, à Privas. Jusqu’à organiser, en décembre 2023, un grand déjeuner délocalisé dans les serres du Jardin – de quoi magnifier les fruits et les légumes produits sur place ! « Le restaurant a aussi embauché en cuisine des personnes ayant fait leur parcours d’insertion au Terreau », précise Julien Adda.

En réalité, l’acte de cuisiner est devenu une préoccupation majeure du Réseau Cocagne qui adhère désormais au Mouvement des Cuisines Nourricières. Le soin apporté aux aliments, pour en préserver les qualités nutritionnelles, la fonction sociale que revêt le partage d’un repas, l’impact sur la santé qu’engendre notre alimentation… nourrir est une mission dont il convient de comprendre les multiples enjeux ! Ainsi, ateliers cuisine, animations, repas partagés font désormais partie intégrante des actions des Jardins de Cocagne. Et cela fait naître des vocations ! Plusieurs salarié.e.s en parcours d’insertion sont actuellement en formation de Chef cuisinier ou même déjà en activité !

La bio comme outil d’action publique

Le social ET le bio qui avancent main dans la main : c’est la clé pour la démocratisation de l’agriculture biologique. Et pour aller plus loin encore, Julien Adda propose… de revenir à ce qui a fait la force historique du mouvement : les circuits courts, et la constitution de communautés locales hors d’une pure logique de marché. « Nous devons revenir à un développement articulé autour des effets utiles du bio, explique-t-il. L’agriculture biologique n’a rien à gagner à jouer le jeu du marché : face à des acteurs plus gros et avec des contraintes moindres, les cartes sont truquées. » Il plaide donc pour que les pouvoirs publics reconnaissent le bio « comme un outil d’action publique ».

Un militant aux services d’entrepreneurs qui construisent des économies hors marché, et qui prône la coopération plus que la concurrence : on connaît des éditorialistes qui auraient tôt fait de le cataloguer en doux rêveur. S’ils savaient combien Julien Adda et les Jardins de Cocagne ont créé d’emplois, ils riraient peut-être un peu moins. Et qu’ils commandent donc un panier bio, tant qu’ils y sont.

 

 

Fanny Giansetto, vigie du droit au bien manger

Maîtresse de conférences en droit à l’Université Paris 13 où elle travaille sur les questions de justice climatique et de droit de l’alimentation, Fanny Giansetto est également co-fondatrice d’Écotable, le label de la restauration durable. Une double vie au service d’une même cause, l’écologie.

Souvent, les fondateurs de start-up créent ce qui n’existait pas pour combler un manque personnel : ne trouvant pas de solution de co-voiturage pour aller voir sa famille à Noël, Frédéric Mazella a inventé Bla Bla Car. Fanny Giansetto ne cherchait pas si loin, ne voulant pas quitter Paris où elle est née, juste trouver des restaurants en adéquation avec ses très fortes convictions écologiques. Et rien n’existait… « J’ai grandi dans un univers très politisé, mes parents étaient soixante-huitard, mais l’alimentation ne faisait pas partie des points de militance. À titre personnel, j’ai été très marquée par le scandale de la vache folle survenu quand j’avais dix ans, j’ai compris qu’on pouvait mourir en mangeant et je me suis beaucoup renseignée sur tout ce que je mangeais. Le label agriculture biologique (AB) a clairement été un phare dans mon alimentation et j’ai déploré que l’équivalent n’existe pas en restauration ». L’idée germe en 2017 et avec son associée Camille Delamar, elles montent Écotable en 2019.

Le succès est immédiat, grâce à un contexte porteur selon elle : « On avait les marches climat, les gilets jaunes avaient alerté sur le besoin d’une écologie incitative, donc les journalistes voulaient parler d’initiatives populaires et positives. Et puis nous comblions un vrai manque : les guides gastronomiques ne mettaient pas en avant l’engagement des restaurants, qui eux même faisaient preuve de peu de transparence sur leurs produits »Le succès d’audience est immédiat et instantanément les restaurateurs jouent le jeu et co-construisent la solution : d’accord pour aller vers la responsabilité, mais à condition d’être accompagnés pour trouver des fournisseurs. Camille et Fanny montent alors une plateforme web avec un annuaire des prestataires engagés pour acheter directement des produits et se former aux enjeux environnementaux.

“L’arrivée du Covid élargit encore la palette d’Ecotable avec de la formation puisque les restaurateurs avaient enfin du temps. La première est co-créée avec Service compris et sera ensuite transformée en Mooc, pour pouvoir se former n’importe quand. Mais Ecotable va plus loin et investit également les lycées et écoles hôtelières afin de former les futurs restaurateurs. Preuve de l’intérêt, les écoles Ducasse et Ferrandi adoptent ces formations”. Dernière brique pour élargir l’audience, un podcast, « Sur le grill d’Écotable » dans lequel Fanny interviewe des invité.es sur des sujets aussi variés que le transport, la saisonnalité, l’alimentation végane et autres dans la presque centaine ( !) d’épisodes que comptent l’émission.

Une boulimie d’activités au service d’Écotable qui en font absolument oublier que ça n’est pas la profession première de Fanny, mais bien maîtresse de conférences en droit à l’Université Paris 13. Une double vie que l’intéressée explique par un rapport au temps différent dans les deux activités : « j’ai travaillé longtemps avec Notre Affaire à Tous dans le cadre de « l’Affaire du siècle », car les enjeux de justice climatique me passionnent, mais c’est un temps long. Comme pour le droit de l’alimentation, on manipule une matière théorique que l’on ne voit pas évoluer au quotidien. Or, être dans l’action tout le temps est mon moyen de sortir de l’angoisse environnementale ».

Et la noria d’Écotable semble ne jamais s’arrêter pour les quinze personnes qui y travaillent : en avril 2023, elles ont lancé le Resto-Score pour dépasser le public des seuls motivés qui se sont fait labelliser, soit 230 restaurants pour un total de 500 clients. L’idée du Resto-Score est donc de devancer la loi climat et résilience de 2021 sur l’affichage environnementale prochainement imposé à tous les services. Sur quels critères se fondent-ils pour noter les restaurateurs de A à E ? « L’impact carbone n’est pas l’alpha et l’oméga de notre calcul. Nous sommes dans une démarche holistique qui prend en compte de nombreuses dimensions :  approvisionnement, santé, ressources naturelles, déchets, éthique et social, communication, carte ». L’approvisionnement soutenu par Écotable est dit « durable » pour intégrer l’agriculture paysanne non certifiée, mais pouvant gager de leur responsabilité environnementale. Ceci exige un travail d’audit supplémentaire que l’on a pas à faire avec le bio, d’où le soutien inconditionnel de Fanny au label AB qu’elle aimerait voir davantage partagé par les restaurateurs : «  Encore une fois, c’est un phare, on sait comment les aliments ont été produits et c’est essentiel pour les consommateurs comme pour les restaurateurs pour parler à leurs clients. C’est pour cela que le 1% de bio qu’on retrouve dans les restos me fascine, je ne le comprends pas. Je ne comprends pas comment on a réussi à instiller le doute dans l’esprit des gens sur le bio alors qu’on n’a pas le choix. Certes, il y a eu des erreurs, comme les ventes trop nombreuses de produits non français et hors saison, mais c’est résolu, on n’oppose plus bio et local, les filières sont organisées, Rungis l’est ! ». L’enthousiasme de Fanny est contagieux, mais elle refuse de croire en un salut passant justement par des initiatives individuelles : «  c’est beaucoup trop culpabilisant, notamment pour celles et ceux qui n’ont pas les moyens de manger bio et ne savent pas où aller. Certes, les Marmites Volantes sont très populaires et prouvent qu’on peut faire une cuisine majoritairement bio à un prix très abordable, mais ça irait quand même beaucoup plus vite si on réformait la PAC et qu’on instaurait une loi EGALIM de la restauration ! ». Comme quoi derrière l’entrepeneure, la juriste n’est jamais loin.

 https://ecotable.fr/podcast

 

Christelle Le Hir : l’aiguillon des magasins bio pour le bien-manger citoyen

Christelle Le Hir a pris en 2022 le virage bio en prenant la présidence de l’enseigne La Vie Claire, et en s’engageant au Synadis Bio, le syndicat qui représente les enseignes 100% bio et leurs 3000 magasins partout en France… Le Synadis ayant intégré la gouvernance de l’Agence Bio, Christelle en est devenue administratrice, avec la volonté de mettre  l’alimentation Bio, locale et savoureuse à la portée de tous.

De l’agro-alimentaire, Christelle Le Hir connaît tous les rayons. Côté industrie, d’abord, où elle a commencé sa carrière professionnelle, chez Mondelez puis Anheuser-Busch. Côté magasin, ensuite, puisqu’elle a dirigé pendant douze ans l’enseigne Grand Frais Epicerie : « J’y ai appris les codes de la distribution spécialisée : l’expérience magasin, les spécificités du merchandising, la gestion des prix et des promos ». Ce sont tous ces savoir-faire qu’aujourd’hui Christelle Le Hir apporte au réseau La Vie Claire, dont elle a pris la présidence du directoire en avril 2022. Un virage ? « Une continuité », assure-t-elle.

La passion du bon et bien manger

La bio, Christelle Le Hir la connaît et la pratique depuis longtemps. « J’ai toujours été familière des produits bio à titre personnel », explique celle qui, enfant, accompagnait sa grand-mère faire ses courses chez La Vie Claire.

Son credo ? Le « bon et bien manger ». « La bio, c’est le sens de l’Histoire pour la santé commune. Plus nous serons nombreux à mieux consommer, mieux les Hommes et la Terre se porteront. Et je suis convaincue que cela passera avant tout par le goût et le plaisir de bien manger. C’est pour cette raison que nous nous engageons à proposer les meilleurs produits chez La Vie Claire. »

Pour donner corps à cette vision, l’enseigne a pris trois engagements phares. Le bien manger, d’abord : « Nous proposons plus de 2000 produits à la marque La Vie Claire. Actuellement, nous travaillons non seulement le goût de nos produits, mais aussi leur qualité nutritionnelle à l’aide du Nutriscore, ainsi que leur impact environnemental grâce au Planetscore ». Le local bio, ensuite. En entrant chez La Vie Claire, pionnier de la bio depuis 1946, Christelle se met au service d’une maison très ancrée sur le territoire, à la fois dans les 340 magasins de l’enseigne et au siège de Grigny, près de Lyon. « Nous avons créé une charte des produits locaux qui priorise les fournisseurs à moins de 100 km des magasins, précise-t-elle. Cela renforce l’engagement de La Vie Claire à développer les filières bio françaises. Nous travaillons avec certains partenaires depuis plus de 20 ans. Nous développons un réel ancrage territorial avec des partenariats forts – avec Les Fruits de Fabiola, à Cavaillon, par exemple. » Le résultat ? « 82 % de nos gammes sont made in France, même dans les compléments alimentaires et les produits d’hygiène-beauté ». Le dernier des engagements, et non le moindre, c’est l’accessibilité : avec 100 Petits Prix Bio délicieux, note Christelle Le Hir, « on fait la preuve qu’il n’est pas plus cher de consommer bio. De plus, notre programme de fidélité propose des avantages significatifs à nos clients, et nous organisons également des opérations promotionnelles régulières tout au long de l’année pour soutenir leur budget. »

Un engagement collectif

Au-delà de son engagement via l’enseigne, Christelle est administratrice du Synadis Bio, le syndicat professionnel qui représente les magasins spécialistes du bio et qui fait partie des familles professionnelles de l’Agence Bio. « L’avenir se lit dans la distribution spécialisée, qui aiguillonne le secteur avec ses engagements » : le 100 % bio, le refus des fruits ou légumes poussés sous serres chauffées, la lutte contre les emballages et pour le vrac, et la baisse de l’empreinte carbone, à travers la réduction des distances et le refus de l’avion pour les « grands imports ». « On pourrait affirmer que le secteur de la distribution spécialisée influence même la législation avec 30 ans d’avance. Prenez le vrac, par exemple, un domaine où le secteur bio a été précurseur. L’intégration de l’obligation de proposer du vrac dans les nouveaux magasins est désormais inscrite dans la loi AGEC. De plus, l’expérience en magasin est conçue pour être inclusive : nous offrons à nos clients une atmosphère d’achat apaisante, avec peu de bruit et une ambiance calme. »

Le mot d’ordre de Synadis Bio, « La bio est une éthique plus qu’une étiquette », résume parfaitement ces engagements. Et Christelle compte bien le rappeler à tout l’écosystème dans ses mandats.

 

 

 

 

Appel À Projet Déploiement d’actions de promotion et d’information en faveur de l’agriculture biologique

Contexte

 Face à la crise structurelle et conjoncturelle rencontrée par le secteur de l’agriculture biologique, l’Etat renforce ses actions envers le secteur bio. Les actions précédemment menées sur la communication envers les produits biologiques, plus particulièrement la campagne Bioréflexe, ont été des leviers efficaces et pertinents pour faire connaître et valoriser les spécificités des produits issus de l’agriculture biologique. Les moyens alloués aux actions de communication sont donc renforcés en 2024.

En 2024, les pouvoirs publics ont ainsi affecté 8 M€ TTC (6,4 M€ HT) à des actions de promotion et d’information pilotées par l’Agence BIO, dont 5 M€ TTC dans le cadre de la Planification écologique. Il s’agit de donner de l’ampleur à la communication et notamment à la campagne de communication Bioréflexe conçue et déployée depuis 2022.

Cet appel à projet, permettra de mettre en œuvre une déclinaison territoriale de la campagne de communication et d’information Bioréflexe, afin de porter la voix et l’image du bio au niveau local et valoriser la bio dans les territoires : diffusion de messages informatifs en faveur de la production et de la transformation de produits biologiques par tous canaux et au travers d’outils adaptés aux réseaux et points de ventes en région comme des animations à la ferme ou en points de vente.

objectif

Afin d’informer et promouvoir les atouts de l’agriculture biologique et des produits biologiques, l’Agence BIO lance un Appel à Projet à destination des acteurs territoriaux représentant l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur en bio (production, transformation, vente).  Le présent appel à projet entend sélectionner des projets de coopération associant au moins 2 acteurs territoriaux afin de promouvoir et développer l’agriculture biologique. Les projets présentés doivent mettre en œuvre sur leur territoire des actions de communication et de promotion de l’agriculture biologique sur la période de mai (Printemps BIO) à fin novembre sous la bannière de la campagne nationale #bioreflexe. Les projets proposés devront s’inscrire dans la stratégie d’information nationale déployée par l’Agence BIO selon trois axes, en expliquant ce qu’est le bio, pourquoi c’est bon et comment il est possible d’en manger plus quel que soit son budget.

Les projets présentés veilleront également à la cohérence avec les plans d’action bio régionaux lorsqu’ils existent.

Les projets sélectionnés bénéficieront d’une subvention globale de 50 000€ TTC maximum par région administrative en métropole avec un seul porteur de projet par subvention.

Les projets sélectionnés bénéficieront d’une subvention globale de 12 500€ TTC maximum par département d’Outre-Mer avec un seul porteur de projet par subvention.

Date limite dépôt de dossier – période d’éligibilité 

Le présent Appel à Projet est ouvert jusqu’au 25 avril 2024  – 14 heures

Les dossiers de candidatures doivent contenir obligatoirement :

  • 1 exemplaire relié envoyé par la poste ;
  • 1 copie électronique du dossier complet envoyée par mail.

Date retenue pour la réception des dossiers : date d’envoi postal (le cachet de la poste faisant foi) ou date de réception par mail.[email protected]

GIP Agence BIO – Fonds Avenir Bio12 rue Henri Rol-Tanguy,93100 Montreuil

Régimes d’aide, structures et actions éligibles

  • Le régime d’aide éligible est :

Le régime SA.108057 Aides à la coopération dans le secteur agricole pour la période 2023-2029, qui vise à soutenir l’émergence et le développement de coopérations bénéficiant au secteur agricole afin notamment de développer de nouveaux marchés plus rémunérateurs ou de maintenir des marchés existants.

Les aides sont accordées en vue d’encourager la coopération d’au moins deux candidats acteurs opérant ou non dans le secteur agricole, dont l’objet est la promotion et le développement de l’agriculture biologique.

Il est requis qu’il y ait un seul porteur de projet sur les candidats bénéficiaires.

Les structures éligibles bénéficiaires de l’aide sont :

  • Les associations à caractère interprofessionnel Bio (Interbios) régionales
  • Les associations d’agriculture biologique régionales

Les structures qui détiennent la majorité des droits de vote de l’organe d’administration ou de direction d’une structure candidate à cet appel à projet ne sont pas éligibles à cet appel à projet.

Sont exclues de ce régime d’aide les entreprises en difficulté au sens du point (33) des lignes directrices de la Commission européennes concernant les aides d’Etat dans les secteurs agricoles et forestier et dans les zones rurales. Les aides ne seront pas non plus octroyées aux entreprises qui ont des aides déclarées incompatibles avec le marché intérieur à rembourser.

  • Actions et dépenses éligibles :

Les aides couvrent les coûts admissibles suivants :

– coûts des activités de promotion et de développement de l’agriculture biologique comprenant les frais de fonctionnement, les coûts des prestataires de communication, les activités de foires et salons. (Intensité de l’aide : 100%).

Sont ainsi éligibles les actions visant à :

– développer des outils et des activités d’information et de promotion, l’achat d’espace dans la presse, en radio ou pour de l’affichage

– l’organisation de salons, foires ou manifestations et les actions d’animation à visée pédagogique et destinées à promouvoir et informer sur les produits agricoles ou alimentaires issus de l’agriculture biologique, la consommation bio à domicile, en restauration collective, commerciale

– le financement d’actions d’influence,

– les frais de fonctionnement liés à la mise en œuvre de ces actions, dans la limite de 10% du montant total de la subvention.

Les supports proposés devront respecter la charte Bioréflexe, réutiliser le slogan développé ainsi que le bloc marque. (Charte graphique sur le site de l’Agence BIO)

  • Les actions doivent reprendre et valoriser la campagne nationale Bioréflexe développée par l’Agence BIO avec une reprise de l’accroche et/ou une personnalisation régionale de celle-ci : « Pour nous, pour la planète, pour nos producteurs locaux » et / ou avec une personnalisation « Pour nos producteurs de région X ».
  • Les actions doivent être cohérentes avec les plans d’actions de communication régionaux lorsqu’ils sont mis en place.

Les actions éligibles sont celles qui sont déployées entre le 1er mai et le 30 novembre 2024

Ne sont pas éligibles :

  • Les actions destinées à des pays tiers.
  • Les actions se référant à une marque commerciale.

Eligibilité

Cet Appel à Projet vise les régions françaises, à raison d’un seul projet sélectionné par région et par département d’outre-mer français.

Contenu du dossier de candidature

Les pièces suivantes sont à fournir impérativement pour qu’un dossier soit réputé complet :

–     Fiche synthèse du projet (1 à 2 pages maximum : contexte, objectif, cibles, actions proposées/dispositif avec résultats attendus/chiffrés – dates/période de mise en œuvre du dispositif /actions)

  • Fiche porteur de projet, signée par son représentant légal
  • Présentation du projet : projet d’actions et de visuels / Tableau des dépenses prévisionnelles du projet sur la base de devis
  • Les statuts de l’association
  • Le dernier rapport d’activité
  • Le budget prévisionnel annuel de l’exercice courant
  • Les comptes annuels de l’exercice précédent
  • Le RIB du porteur de projet

Processus de sélection

Les dossiers complets reçus seront instruits dans le cadre d’un comité restreint incluant l’Agence BIO , le ministère en charge de l’agriculture et de le ministère en charge de l’environnement. Le comité de sélection pourra solliciter une audition des porteurs de projets.

L’Agence BIO pourra demander des pièces complémentaires au porteurs.

La date prévisionnelle de ce comité de sélection est prévue à partir du 26 avril 2024, après la clôture de l’appel à projet.

Modalités de versement de l’aide

Si le projet est éligible, les aides sont versées sur la base d’une convention établie entre l’Agence BIO et les structures ayant présenté un projet conforme aux objectifs globaux du présent Appel à Projet. L’aide octroyée par région et par bénéficiaire est de 50k€ TTC maximum en métropole et de 12 500 euros TTC maximum pour les départements d’outre-mer.

Cette convention décrit le projet et précise le montant de l’aide allouée au porteur de projet ainsi que les conditions dans lesquelles l’aide est octroyée.

Une avance de 50 % maximum peut être versée dès la signature de la convention et le solde sur demande de paiement accompagnée de justificatifs attestant de la bonne réalisation du projet : factures et bilan d’activité et financier fournis au plus tard le 31 décembre 2024.

Modalité d’actions :

Le financement se fera sur la base d’un programme d’actions détaillé, incluant notamment :

  • Organisation de manifestation, foire, salon : location d’espaces, prestations externes, achat de produits en vue de démonstration, présentation du dispositif envisagé
  • Promotion via divers canaux de communication (presse quotidienne régionale, radio, affichage)
  • Création et de diffusion de supports
  • Animations visant la promotion de l’agriculture biologique
  • Actions influences
  • Frais de fonctionnement afférents à ces activités

Critères de sélection

Les dossiers de candidatures seront appréciés au regard des critères suivants :

  • La capacité à promouvoir le bio en tant que mode de production et mode de consommation, de façon transversale
  • Le savoir-faire en matière de mobilisation des acteurs du bio autour des actions de communication, d’animation, de visibilité, de pédagogie
  • La clarté et précision des actions et des déclinaisons opérationnelles prévues

Cohérence stratégique de la candidature

  • Clarté des objectifs recherchés au niveau territorial, mise en valeur des spécificités du bio territorial
  • Cohérence avec la campagne nationale Bioréflexe
  • Cohérence avec les campagnes de communication régionales, lorsqu’elles existent.

Qualité de la proposition

  • Clarté des messages proposés et des modalités selon lesquelles sont mis en avant les spécificités et/ou les avantages de l’agriculture biologique et de ses produits
  • Nombre de manifestations et d’outils mis en place ou distribués
  • Moyens techniques, humains et financiers mobilisés pour la mise en œuvre des actions prévues

Impact

  • Évaluation des impacts attendus
  • Effectifs touchés
  • Périmètre géographique concerné (% des départements de la région)
  • Moyens prévus pour assurer le reporting de la campagne et son efficacité

L’appréciation de chacun des critères s’effectuera sur la base des éléments de réponse apportés dans le dossier de candidature.

Annonce des résultats : 3 mai 2024 – à partir de 15 heures.

Loïc Madeline, produire comme on mange, manger comme on produit

Loïc Madeline, c’est un physique de rocker et une activité intense de représentation politique du bio. Ingénieur qui s’éloigne de la ferme familiale pour mieux revenir à la terre à 35 ans, il passera l’exploitation en bio. 7 ans plus tard, interpellé par le fonctionnement de la PAC, il s’engagera pour porter la parole bio.

Il était une ferme de 84 hectares, dans le bocage normand. Une ferme classique de production laitière, dans la tradition française de la deuxième moitié du XXe siècle, entre concentration et spécialisation. Cette ferme, le fils de la famille ne se voyait pas reprendre en l’état. Il se passionnait surtout pour ses études… et pour le jardin de la maison familiale, où poussaient légumes et pommes de terre.

« Mon père produisait 400 tonnes de lait sur 80 hectares dans un système de production très simplifié, raconte Loïc Madeline. Mais dans son jardin, il produisait aussi chaque de quoi nourrir la famille, sans pesticides ni intrants, avec une incroyable productivité ! »

Cultivant son propre jardin intellectuel, le jeune homme se lance d’abord dans des études d’ingénieur agronome. Il travaille dans la R&D – puis, en 2011, vient l’opportunité de reprendre la ferme… en y changeant tout. Le credo de Loïc Madeline, c’est le bio et la polyculture, pour associer les cultures vivrières à l’élevage. « Il faut produire comme on mange…et manger comme on produit le plus possible », dit-il.

Une ferme comme un grand jardin

Ses parents ayant bénéficié d’aides européennes à la réduction de production laitière, Loïc choisit de repartir de zéro. Il achète quelques génisses et quelques vaches allaitantes, et réorganise en bio toute la ferme – en s’ingéniant à trouver les associations les plus productives, et à inventer des solutions nouvelles.

Une grande décennie plus tard, le résultat est là. L’éleveur possède « un petit troupeau de vaches charolaises » nourries à l’herbe. Certaines sont élevées pour leur lait, d’autre pour la viande. Elles sont aussi élevées pour devenir des mères qui feront des veaux qui seront vendus adultes pour la boucherie… elles produisent du lait pour allaiter les veaux jusqu’à leur sevrage naturel vers 8-9mois. Il n’y a donc pas de production laitière à destination humaine dans ce type d’élevage. Elles participent aussi activement à la vie de l’exploitation, en « partenaires de la production végétale ». Car Loïc Madeline est resté fidèle à sa vision initiale, lui qui prône qu’une ferme « doit produire un maximum de matières premières directement comestibles » et voulait que la sienne « ressemble à un grand jardin ». l’alimentation animale est constituée de 100% d’herbe. L’ensemble compte aujourd’hui près de  30 hectares de cultures (blé, orge, avoine, pois, pommes de terre..).  destinées à l’alimentation humaine : l’avoine se retrouve à la table du petit-déjeuner, l’orge sert à fabriquer de la bière ; depuis trois ans, les pommes de terre viennent compléter l’ensemble et se retrouve au menu de Benoit, le chef du bistrot voisin Le Caillou.

Autonomie et maîtrise des cycles

Cette diversification, comme le développement de la nourriture animale, se fait dans une optique claire : celle de l’autonomie alimentaire. « La période Covid nous a ouvert les yeux sur le fait que les fermes spécialisées étaient extrêmement dépendantes de chaînes d’approvisionnement non maitrisables », explique Loïc Madeline, qui travaille à mi-temps pour l’Institut de l’élevage jusqu’en 2018. Il y travaille sur les questions d’équilibre sol/troupeau, de diversité de l’assolement, de mélange céréales/protéagineux, de précocité de mise à l’herbe, et d’échanges entre exploitations. Autant de préconisations que Loïc Madeline met en pratique sur son exploitation. « J’aime l’agriculture circulaire : maîtriser des cycles complets entre les animaux et les végétaux ».

Avec toujours le souci de la transmissibilité.

Celle des savoirs, avec son engagement récent à la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique) où il défend une autre PAC.

Et celle de la ferme, plus tard. « Je suis certain qu’une ferme diversifiée trouve plus facilement repreneur », assure-t-il. Mais d’ici là, de nombreuses saisons auront passé dans son grand jardin normand.

 

 

Vanessa Kryceve, évidemment bio

Vanessa Krycève, quand l’humanisme passe par le beau et le bio. Fondatrice de l’association Le RECHO – pour REfuge, CHaleur et Optimisme – et de l’entreprise d’insertion traiteur et restaurant La Table du RECHO, Vanessa Krycève entreprend en suivant une seule boussole : la décence commune. Et à cette aune, le bio s’impose dans les assiettes.

Si Vanessa Krycève était un signe de ponctuation, elle serait un trait d’union. Entre les cultures, les classes sociales, les milieux privés, associatif, public… quand tout divise, elle relie.

Elle même vit plusieurs vies en une seule. Passionnée de théâtre et de cuisine depuis l’enfance, elle ne choisit pas et mène deux carrières : théâtre au conservatoire, et premières incursions en pâtisseries aux côtés de Pierre Hermé et chez Ladurée. La littéraire se forme au journalisme culinaire avec Julie Andrieu et rencontre Guy Savoy qui parachève sa mue en consultante culinaire. « J’ai mené les deux de front, parfois seulement sur scène, parfois seulement en cuisine avec beaucoup de déclinaisons, cheffe à domicile, team building culinaire… ». Sa cuisine, elle l’affine en écoutant l’engagement des producteurs au marché, de la façon dont ils traitent la terre, le sol, et en voulant soutenir ceux qui lui racontent la production biologique et ses contraintes. « J’ai toujours eu une cuisine très engagée par ses liens avec les producteurs. Marco (Marc Mascetti) le maraîcher bio de Marcoussis m’a confortée dans l’évidence de cuisiner local ET bio ».

La grande Histoire rattrape Vanessa et lui renvoie sa propre histoire familiale violemment. En 2016, avec la guerre en Syrie, l’Europe se ferme face à l’afflux de réfugiés. L’inhumanité de cet accueil lui dicte alors sa mission : la cuisine comme trait d’union avec les déracinés, la cuisine comme accueil. Alors qu’elle cherche le lieu idoine, elle se retrouve sur le camp de Grande Synthe, dans les Hauts de France : « Mon père est arrivé en France à 3 ans d’un camp à Francfort, en 1945. J’ai eu l’impression que l’histoire se répétait ». Loin d’être paralysée par ce poids de l’histoire, Vanessa, au contraire, s’installe avec deux amies sur le camp pour restaurer – dans tous les sens – l’humain.
Grâce à 50 000 euros collectés, elles achètent un food truck et cuisinent 500 repas par jour et les habitants se mobilisent à leurs côtés. Après cette initiative spontanée, Vanesse retourne se former pour acquérir les bases de l’entrepreneuriat pendant un an chez Anthropia, à l’ESSEC et monte en 2018 Le Grand RECHO à Arras avec un restaurant éphémère pour faire cuisiner ensemble accueillants et accueillis en compagnie de nombreuses grandes toques qui se joignent à la cause : Michel Troisgros, Olivier Roellinger, Manon Fleury, Alessandra Montagne… pour fournir 300 repas par jour et envoyer le message « les accueillis vous nourrissent ».

Le projet se sédentarise grâce à l’association Aurore qui leur propose d’investir une ancienne caserne en plein cœur du 16e arrondissement de Paris. « Ce lieu, c’est ce dont j’avais besoin pour faire se rencontrer les publics et forcer la déconstruction des stéréotypes. Avec Alix Gerbet, mon associée issue de la gastronomie, nous avons voulu ancrer ce restaurant dans le beau ». Au-delà de la dimension sociale très forte du projet, Le RECHO propose une cuisine très bio: « J’ai voulu qu’on soit labellisé bio et Ecotable et j’ai embarqué toute l’équipe là-dedans. Nous avons entre 70 et 80% de produits bio dans nos assiettes et c’est une vraie fierté. Me dire que je ne pollue pas les nappes phréatiques, que je maximise mon impact avec peu de pétrole et de gaz russe, c’est beau.

Au restaurant, quand je demande un verre de vin bio et qu’on me répond qu’il n’y en a pas, je demande un verre d’eau. Quand on me répond : ce n’est pas bio, mais c’est local, je réponds que du local avec pesticides de synthèse, je n’en veux pas. J’applique donc cela dans mon établissement ».

Le RECHO et la Table du RECHO, ce sont désormais une association et une entreprise avec une vingtaine de salariés, dont 8 en insertion pour assurer un service de traiteur et une table avec 30 couverts l’hiver et 50 l’été au sein d’un centre culturel, le BAL, au-dessus de la Place de Clichy à Paris, à l’entrée d’un jardin. Encore et toujours, relier, dans agriculture, le « culture » n’est pas un artifice.

Olivier Nasles, le cerbère du label bio.

Président du Comité National de l’Agriculture Biologique, sorte de parlement du Bio à l’INAO Institut National de l’Origine et de la Qualité, Olivier Nasles a un rôle à part dans l’écosystème bio. Un pied dans les institutions, un pied dans les vignes et les oliviers, il est le cerbère du label bio.

La réputation d’Olivier Nasles excède très largement son exploitation d’Eguilles, dans les Bouches du Rhône. Des bureaux à Aix en Provence et à Montpellier pour son activité d’œnologue conseil, il accompagne avec ses collaborateurs près de 300 caves coopératives et particulières dans le sud de la France. Aussi, en 2010, alors que sa mère est toujours à la tête de l’exploitation familiale Olivier Nasles ne cherche pas à la convaincre d’aller vers le bio pour se faire connaître, pas plus pour répondre à un vertige métaphysique, mais par certitude économique : « évidemment que le bio est meilleur pour la santé, celle de la planète comme celle des être humains, il n’y a pas de débat là-dessus. Mais mon engagement dans le bio ne part pas de là. Il y a des discours philosophiques sur l’harmonie existant à travailler en bio, mais au final si on se fait plaisir et que notre activité économique n’est pas rentable, c’est la pire des choses. Nous devons créer de la valeur ajoutée en nous convertissant au bio.». Lui-même donc entame sa conversion et, en 2014, les premières récoltes de ses 23 hectares de vigne et 20 hectares d’oliviers sont commercialisées, le succès commercial est au rendez-vous.

Si l’homme est débonnaire, il est capable d’emportements méditerranéens quand on évoque les stéréotypes qui circulent dans le débat public à propos du bio. À l’accusation de « marché de niche élitiste », il tempête : « mais c’est une hérésie ! Factuellement, les mêmes produits coûtent 20 à 30% plus chers à produire en bio qu’en conventionnel, certes, mais ça n’est pas l’essence de la consommation bio. Manger bio, c’est manger différemment, cuisiner plus et gaspiller moins. Quand on le fait le bilan des différences de coûts globaux, ils sont marginaux. En outre, et pardon si ça n’est pas politiquement correct de le dire, mais les différences de coûts dont on parle sont anecdotiques ramenés à l’échelle des dépenses de la consommation globale d’un ménage. Peut-être y a-t-il d’autres arbitrages à faire que ceux faits au détriment de l’alimentation ».

Osons remettre une pièce dans la machine pour le questionner sur les faire-parts de décès du bio qui ont fleuri dans la presse l’an dernier, instillant l’idée que tout cela n’était « qu’une bulle » : « Mais est-ce qu’on peut prendre un peu de recul, bon sang ! Regardons d’où nous venons, il y a à peine quinze ans le bio ne pesait rien. 2023, ce n’est pas une crise structurelle, c’est une crise de croissance. En 2018, quand on manquait de lait et d’œufs Bio, tout le monde s’est mis à en produire et l’offre a dépassé la demande. Aujourd’hui, les ventes se tassent, mais elles restent infiniment supérieures à celle de 2018 ! La même chose va survenir dans le vin, où près d’un million d’hectolitres supplémentaires de vins Bio vont arriver sur le marché d’ici deux ans, soit une augmentation de la production de plus de 20%. Il faudra un certain temps pour les absorber, cela ne signifie pas qu’il y aura « une crise ». Mais alors, Olivier, si c’est une crise de croissance, ça va repartir ?  « Évidemment ! Mais à un autre rythme : nous n’aurons plus de croissance à deux chiffres mais plutôt 5 à 6% par an ce qui est déjà énorme en volume. De toutes façons, nous n’avons pas le choix : les jeunes agriculteurs veulent massivement s’installer en bio, nous devons stimuler la demande et mettre les consommateurs face à leurs incohérences. Personne ne veut plus de pesticides dans son assiette, personne ! À nous d’appuyer là-dessus et leur faire comprendre qu’ils doivent payer le juste prix ».

On l’entend, derrière un paravent économique, Olivier défend le label bio, une manière de produire.

Aux margoulins qui s’immiscent dans les ambiguïtés pour défendre des vins natures plutôt que bio, il répond sèchement : « Cela n’a rien à voir. La Certification en Agriculture Biologique est le résultat de l’application d’un Règlement Européen valable dans les 27 pays de l’Union dont le respect est contrôlé par des organismes certificateurs indépendants, une véritable garantie pour le consommateur. Cela veut dire zéro herbicide, pas de pesticide ni d’engrais synthétique, et un nombre réduit d’additifs dans la bouteille.

Un vin nature, c’est un vin auquel on n’a rien ajouté au moment de la vinification mais seul le label bio garantit qu’il n’y a pas eu de chimie synthétique dans le vignoble. Celui qui est en bio et veut faire du vin nature en plus, très bien, mais celui qui fait du nature et refuse de se convertir en bio car c’est trop de boulot et trop de contrôle, je lui dis que s’il sait comment il fait son vin il n’a rien à craindre du contrôle.  

Quand un producteur refuse de se soumettre aux contrôles, c’est qu’il y a  « hippopotame sous nénuphar ». La crédibilité du bio repose sur ces contrôles indépendants qui attribuent la certification, sous la supervision de l’INAO désignée autorité compétente ».

Président du Comité National d’Agriculture Biologique, qui permet à l’INAO de d’expliciter la lecture du Règlement Européen et d’harmoniser les contrôles pour garantir une « unicité » du label bio, Olivier est un peu le président du parlement bio. L’occasion de rappeler que la loi, qui donne au label bio le statut de « diplôme d’état » d’agriculture écologique est au cœur de la promesse du bio et sa première richesse.

Philippe Lassalle Saint-Jean, la vie plus bio que bio

Directeur général de Maison Meneau, leader des sirops bio, Philippe Lassalle Saint-Jean aime les contraintes et les règlements… pour mieux les dépasser ! Depuis deux ans, il est également engagé au sein de l’Agence Bio pour faire discuter tous les acteurs de l’alimentation et les amener à augmenter leur consommation bio.

La Maison Meneau est une institution depuis près de 150 ans (elle a été fondée en 1879) et passée au bio au mitan des années 1990, mais l’esprit de sobriété et de responsabilité prévalait depuis bien avant « papa était un économe écolo qui faisait de l’écologie par bon sens et parce que la guerre lui avait appris à faire attention à tout ». A la mort subite de ce dernier dans un accident de voiture en 1984, Philippe Lassalle Saint Jean se retrouve à 21 ans seulement à la tête de l’entreprise en binôme avec son frère Vincent. Respectant l’équilibre familial de qualité des matières premières, bénéficiant d’une image de marque de grande vertu, ils prolongent l’histoire de la marque sans y toucher, mais sans prendre réellement de plaisir, pendant dix ans.  

La révélation lui viendra en discutant avec une de ses sœurs qui se fournit en produits bio dans une AMAP. « Elle m’a dit d’aller voir notre voisin girondin, le directeur du distributeur bio Pronadis. Il m’explique que personne ne fait de sirop bio alors je me suis lancé avec exaltation ! ». En échangeant avec Ecocert sur le cahier des charges, Philippe reprend l’intégralité de sa production pour y détecter ce qui pose problème. Alors, il y a encore du sucre blanchi à la chaux et des intrants de synthèse sur certaines parcelles.

Là où les obligations règlementaires sont vues comme des contraintes par d’autres, Philippe y voit instantanément un gage d’amélioration continue : « la transparence totale qui gêne des gens, moi elle me va bien. Ça prouve que je n’utilise pas de pesticides de synthèse. C’est comme pour la conduite : je peux raconter que je sais conduire, mais vient un moment où il faut passer le permis ! En plus ça me pousse à trouver des matières premières irréprochables et à justifier leur prix ». Quand il  déniche du sucre bio chez un petit producteur du Paraguay, plus onéreux que le précédent, il rajoute à la filière la mention « équitable » pour signifier que c’est le prix idoine, celui qui fait vivre les travailleurs. Un prix jugé trop cher par les clients historiques… mais pas pour Biocoop qui référence Maison Meneau permettant de faire tâche d’huile et de croître aussi vite que le marché du bio.

La carte s’est étoffée en plus de vingt ans avec d’autres boissons (sirops, limonades, infusions…) 100% bio, équitables, et vendues en contenus réutilisables. Partir de l’exigence du label AB pour mieux aller au-delà, voilà le mantra de Philippe comme il l’explique à propos de la dernière-née de l’entreprise : « on a lancé une infusion pétillante pomme et lavande, produites à moins de 150 km et transformées avec l’énergie d’une centrale photovoltaïque. C’est évidemment un engagement pour la décarbonation dans le but de préservation de notre planète. Non seulement on favorise le recours aux renouvelables, mais aussi un raisonnement économique à  long terme : dans dix ans, quand on aura remboursé le prêt, cette énergie nous reviendra beaucoup moins chère que les fossiles. Cette équation permet de maintenir la bio à un prix abordable et de renforcer la pérennité de la Maison Meneau ».

Un engagement au temps très long et à la croissance très raisonnée qu’il applique à la diversification de son activité dans la restauration. Après s’être investi à la CCI et autres instances économiques du territoire pour verdir le bordelais, il s’associe avec Philippe Barre et créent l’espace Darwin, dans lequel ils installent plusieurs restaurants bio. Le premier d’entre eux, Le Magasin Général propose du 100% bio à manger jusqu’à l’iconique Darwin beer mise en bouteille chez Meneau. Au-delà de la carte, on retrouve une démarche responsable globale avec tous les déchets alimentaires récupérés par les Détritivores pour devenir du compost. Du zèle ? « Nous allons au-delà du contrat par cohérence. Quand on décortique la production pour tout vérifier, on cherche à être réellement responsable partout ». Une irréprochabilité qui n’a pas échappé à l’Élysée qui fait partie des clients de la Maison aux 40 salariés pour 6 millions de bouteilles vendues chaque année.

Quand on l’interroge sur le très médiocre 1% de produits bio vendus en restauration commerciale, Philippe ne se compare pas en disant que tout le monde peut faire mieux mais se retourne vers le législateur : « la majorité des restaurateurs n’ont pas de vue à long terme et s’arrêtent à la notion de prix. Nous, à Darwin, on va voir les producteurs en direct, ça fait une politique de référencement plus lourde. En outre, il faut accepter les aléas avec des annulations possibles sur les commandes. Nous sommes militants et je sais que tout le monde ne peut pas l’être. Aussi, pour diffuser massivement le bio je crois qu’il n’y a que l’incitation qui fonctionne. Si je reprends l’image du permis de conduire, de moi-même je n’aurais pas limité la vitesse ou ne me serai pas mis à rouler à jeun. Mais j’ai compris que nous partagions la route avec d’autres et que mes pratiques n’étaient pas possible ». Preuve de la véracité de ces propos, la part du bio dans la restauration collective progresse très vite avec l’injonction du législateur, quand la restauration commerciale, non soumise à des quotas de bio, stagne voire régresse… De quoi être sombre pour l’avenir ? « Clairement pas ! Nous arrivons sur la fin de l’érosion : les volumes repartent et nous avons récupéré les clients historiques et allons repartir de l’avant. C’est pour cela que je me suis engagé depuis deux à  l’Agence Bio. Je suis là pour promouvoir la discussion entre tous les acteurs de l’alimentaire et pour pouvoir se faire entendre au milieu de la crise. Pour autant,  dans ce genre d’exercice, on n’est jamais rien sans les autres à nos côtés, clients, banques engagées, famille, la filière bio, Seules l’éducation et la communication nous sortiront de là à condition de les embrasser de façon collective ».

 

Jean Verdier, nouveau président de l’Agence BIO

Membre du SYNABIO, Syndicat National des Entreprises Agroalimentaire Bio, Jean VERDIER a été élu Président de l’Agence BIO, le 19 février 2024, pour deux ans par les membres du conseil d’administration de l’Agence BIO : représentants des pouvoirs publics (Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires) et des professionnels (Chambres d’agriculture France, FNAB, FCD, Interbio, la Coopération agricole, SYNABIO et SYNADIS Bio). Il succède à Loïc GUINES.


Ingénieur agronome, Jean Verdier débute sa carrière de transformateur bio chez le spécialiste de l’alimentation
bio en France, Vitagermine. Il fonde Naturgie en 1984  avant de reprendre Favols en 2005, structures au sein
desquelles il a à cœur de sublimer le meilleur des fruits avec des confitures bio 100% fruits, des compotes, et
des chutneys sucrés-salés. Transformateur bio, Jean Verdier est également producteur de luzerne et de blé bio dans son exploitation agricole basée dans le sudouest, sa terre natale.