Bruno Martel, le bio tranquille.

A la tête du Gaec de Guimbert, ferme familiale sise à Bains sur Oust (Île et Vilaine), Bruno Martel est passé au bio en 2000. Vingt-deux ans après, il s’éclate au quotidien et ne s’angoisse pas une seconde sur la transmission, puisque ses enfants sont eux aussi convertis aux vertus de la bio.

N’escomptez nulle « révélation » ou « rencontre inspirante » pour expliquer la conversion au bio de Bruno Martel. Simplement, une lecture rationnelle de ce qu’il observait : « je voyais bien que les contraintes environnementales allaient devenir de plus en plus fortes et qu’il fallait adapter notre modèle pour aller vers l’autonomie. Aujourd’hui, nous y sommes à 98% ». Et en effet, les 4 travailleurs de la ferme aux 120 vaches n’ont besoin que d’un peu de minéral, de sel, de luzerne et de quelques compléments alimentaires pour les jeunes animaux. Les aléas matériels le tracassent donc peu.

 

Bien sûr, l’aléa majeur concerne la météo et il s’y prépare très activement. « Nous devons réussir à adapter le système face au changement climatique. Pour notre ferme, il faut avoir l’humilité de se rappeler que, quelle que soit la taille de l’exploitation, quand la sécheresse est forte, rien ne pousse. Aussi, quand on a l’occasion de stocker de l’herbe, il faut changer nos habitudes et en stocker un maximum. Nous le faisons ». Autre ressource qui se tarie pour laquelle il s’organise : l’eau. « La disponibilité en eau pour les animaux devient complexe. Alors, nous allons mettre en place des systèmes pour mieux retraiter et réutiliser l’eau qu’on utilise à la ferme et nous doter de la capacité de stocker les eaux pluviales, qui serviront au nettoyage au nettoyage de nos matériels ». Et ce sans répondre à aucune injonction préfectorale…

 

L’instabilité économique, si prégnante pour nombre de producteurs, ne le taraude pas non plus. Adhérent de la coopérative AGRIAL -qui rassemble 300 laitiers- il trouve dans ce modèle économique une grande autonomie et des perspectives de ventes fortes : « en mutualisant nos outils, nous sommes plus efficients et avons une clientèle plus diversifiée avec des acteurs de l’industrie, du scolaire ou de la restauration qui nous donnent des perspectives sur l’année ».

 

Tout est tranquille, et tout est bio, donc chez Bruno Martel, pour qui la bio va au-delà d’un cahier des charges : « nos clients doivent comprendre qu’ils ahcètent plus qu’un produit alimentaire. Je dois être irréprochable sur la qualité de mon lait, de mes yaourts et fromages. Au-delà du gourmand, je sais qu’ils cherchent aussi une assurance, une force supplémentaire. Et je crois que dans l’écosystème, le producteur est sans doute la voix la plus impactante ».

 

Et s’il en parle aussi volontairement, c’est qu’il adore son quotidien de producteur bio : « moi, je m’éclate au quotidien, je travaille avec mes enfants qui reviennent à la ferme car notre façon de travailler leur parle. D’ailleurs c’est eux qui reprendront quand j’arrêterais. Pour tout ça, je peux me regarder dans la glace le matin. D’autant plus que je suis dans un village et la centaine de voisins que j’ai dans un rayon de 500 mètres viennent à la ferme, même avec les poussettes ! Ça, d’ailleurs, c’est ma grande fierté : la transmission. Nous accueillons des jeunes sur la ferme, des jeunes en stage et des jeunes qui nous relayent le week-end pour que nous ne soyons pas de garde tout le temps ! ». Week-ends et vacances qu’il peut s’autoriser, avec l’esprit serein du devoir accompli.