Boris Tavernier casse les barrières

Avec son association VRAC ( Vers un Réseau d’Achat en Commun) Boris Tavernier amène l’agriculture biologique en banlieue. Au programme : concassage d’idées reçues, concours de cuisine et achats groupés pour mettre le bio à la portée des bourses les plus modestes. Et ce n’est que le début !

Dix ans déjà ! C’est en 2013 que Boris Tavernier monte à Lyon l’association VRAC, avec la Fondation Abbé Pierre et un bailleur social, soucieux de développer le « reste à vivre » de ses locataires. Aujourd’hui, l’association est présente sur 18 territoires, en France et en Belgique, et le réseau continue de s’étendre.  

Le principe, lui, est toujours le même : défendre l’accès à une alimentation durable et de qualité pour tous, en bio le plus souvent, et en circuit court. En allant au pied des immeubles des banlieues, et toujours en visant le maximum de monde possible.  « On dit que le bio est trop cher ? Moi je dis que les minima sociaux sont trop bas », clame Boris Tavernier. Et sans attendre que la pauvreté recule enfin, il agit.  « Le problème de l’accès au bio est double, analyse-t-il. Il y a le pouvoir d’achat, c’est vrai ; mais pour les habitants des banlieues, il y a aussi un problème d’offre. Dans beaucoup d’endroits, on ne trouve tout simplement pas de bio ! Alors nous, on y va. » 

 

Tout commence en général par des dégustations en pied d’immeubles – des produits bio, à 95 %. On goûte, on discute, on casse des barrières psychologiques. L’idée que le bio serait « pour les riches », notamment. Avec VRAC, le bio est proposé au prix d’achat des produits ; des dons et subventions permettent par ailleurs de payer les salariés de l’association – laquelle fonctionne aussi grâce à l’engagement de 800 bénévoles« Une fois les barrières franchies, nous montons un groupement d’achats, poursuit Boris Tavernier. Les gens passent commande selon leurs préférences et nous livrons dans les centres sociaux, en créant des épiceries éphémères avec les habitants. L’adhésion est à 1€, et tout le monde vient avec ses emballages et ses bouteilles… » Tout l’inverse de l’aide alimentaire, où l’on ne choisit pas le contenu du panier, avec parfois des événements exceptionnels. « Nous organisons aussi des concours de cuisine. Des chefs reconnus viennent goûter la cuisine des habitants – et la créativité est à l’honneur, notamment pour cuisiner végétarien : pour faire un poulet yassa sans poulet, il faut inventer ! »  

 

Jour après jour, les associations locales de VRAC contribuent à créer du lien, en cherchant les circuits les plus courts pour rapprocher les paysans et les consommateurs. Et elles rapprochent aussi les habitants entre eux, en développant des cuisines collectives. « La pauvreté est si forte, parfois, que l’accès aux produits n’est pas suffisant : le coût de l’énergie peut être prohibitif, explique Boris Tavernier. Cuisiner en commun, c’est à la fois réduire les coûts, et créer des rencontres. »  

 

Cette vision systémique, VRAC la déploie aujourd’hui au sein du « collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation , qui milite pour la mise en place d’une carte universelle de sécurité alimentaire, alimentée de 150€ chaque mois, pour l’achat de produits de qualité, à la manière de la carte de sécurité sociale. « Une somme versée sans conditions de revenus», insiste Boris Tavernier. Car une politique pour les pauvres, c’est une pauvre politique ». Du bio pour tous, pour faire de la nourriture un outil de rapprochement universel !