Quelles sont les recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) concernant les produits bio ?

Lancé en 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS) est un plan de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition.

Le 22 janvier 2018, après plusieurs mois de concertation, Santé Publique France a présenté les nouvelles recommandations nutrition santé jusqu’en 2021 qui se présentent désormais en 3 catégories : les aliments à « augmenter, à réduire ou à aller vers » .

Le Haut conseil à la santé publique dans son avis de février 2017  avais mis en avant « l’intérêt de privilégier des aliments cultivés selon des modes de production diminuant l’exposition aux pesticides pour les fruits et légumes, les légumineuses, les produits céréaliers complets. »

Les nouvelles recommandations intègrent ainsi pour plusieurs catégories de produits alimentaires ( les fruits et légumes, les légumes secs, les féculents complets) la notion de privilégier,« si vous le pouvez les aliments bio ».

En savoir plus : http://www.mangerbouger.fr

Quelles sont les références scientifiques sur le lien entre alimentation bio et santé ?

L’étude NutriNet-Santé, menée par des chercheurs de l’INRA, de l’Inserm et de l’Université Paris 13, vise à mieux comprendre les relations entre la nutrition, la santé et les comportements alimentaires.

Elle est réalisée sur une large population de dizaines de milliers d’adultes, dont le suivi est prévu pendant une période d’au moins 10 ans, via Internet.

Après avoir publié en 2016, une étude sur la typologie de consommateurs bio, le projet BioNutriNet fait l’objet de publications régulières sur le lien entre alimentation bio et santé :

  • En janvier 2017, l’équipe a publié une étude montrant que les consommateurs très réguliers de bio ont une probabilité plus faible de prendre du poids, de devenir en surpoids ou obèses ;
  • En juillet 2017, une nouvelle étude indique qu’une consommation importante de produit bio est associée à une moindre probabilité de présenter un syndrome métabolique, facteur de risque reconnu de diabète et de maladies cardio-vasculaires ;
  • En octobre 2018, après 7 années de suivi, l’équipe Bionutrinet a publié une étude indiquant une diminution de 25% du risque de cancer chez les consommateurs « réguliers » d’aliments bio, par rapport aux personnes qui en consomment moins souvent.

Les conclusions de ces études doivent être confirmées par d’autres investigations conduites sur d’autres populations d’étude, dans différents contextes.

En savoir plus sur NutriNet-santé : https://www.etude-nutrinet-sante.fr/

A quoi correspond la mention « En conversion vers l’agriculture biologique » ?

Lorsqu’un agriculteur décide de produire bio, il doit respecter des règles strictes et suivre notamment une période de conversion. La conversion correspond à la période de transition entre un mode de production conventionnel et l’obtention de la certification « agriculture biologique ». L’opérateur suit les règles de production de l’agriculture biologique sous le contrôle d’un organisme certificateur, mais ne bénéficie pas encore de la mention « bio » pour ses produits. Cette période est de 2 à 3 ans pour les cultures, et de 6 semaines à 1 an selon les espèces pour les animaux.

A partir du début de la conversion, l’agriculteur est régulièrement contrôlé par un organisme certificateur, afin de vérifier la conformité des pratiques à la réglementation bio.

A partir de la deuxième année de conversion, les produits végétaux obtenus peuvent bénéficier de la mention « En conversion vers l’agriculture biologique ».

Le respect du bien-être animal dans les élevages bio. En quoi cela consiste-t-il ?

L’élevage en agriculture biologique est encadré par le règlement européen afin de mettre en œuvre des pratiques respectueuses du bien-être animal :

  • les animaux ont accès à un parcours extérieur,
  • la taille des bâtiments et la densité des animaux sont limitées,
  • chaque animal dispose d’un espace bien aéré, de lumière et d’une surface minimum, paillée à l’intérieur des bâtiments, lui permettant de se mouvoir librement,
  • les animaux sont nourris avec une alimentation bio,
  • la  santé  des  animaux  est  axée  principalement  sur  la  prévention, avec des méthodes et conditions d’élevage privilégiant le bien-être de l’animal et stimulant les défenses naturelles,
  • toute souffrance doit être réduite au minimum pendant toute la durée de vie de l’animal, y compris lors de l’abattage,
  • le personnel chargé des animaux possède les connaissances et les compétences élémentaires nécessaires en matière de santé et de bien-être des animaux

Les organismes certificateurs et autorités de contrôle sont donc chargés de vérifier le bon respect de ces dispositions lors des contrôles annuels.

Peut-on développer la bio à proximité des exploitations non bio ?

Les opérateurs de la filière bio prennent toutes les mesures de précaution nécessaires pour éviter les contaminations extérieures quelle que soit leur origine (distances de sécurité avec les champs voisins si nécessaire, installation de haies, de fossés…).

De même, les organismes certificateurs appliquent une grille d’analyse des risques pour éviter toute contamination. Des prélèvements pour analyse sont effectués par sondage afin de vérifier la non contamination par des produits interdits (pesticides, OGM…) et les produits concernés ne sont pas certifiés le cas échéant.

La mixité bio/non bio est-elle autorisée ?

La mixité bio/non bio est encadrée par le règlement européen, aussi bien pour les exploitations que pour les entreprises de transformation

Pour les exploitations :

  • La mixité bio/non bio au sein d’une même exploitation et pour une même espèce est interdite.
  • En production végétale, il est néanmoins possible de conduire en bio et non bio des variétés facilement distinguables. Une gestion adaptée doit alors être mise en place : séparation dans le temps ou dans l’espace, enregistrements et déclarations spécifiques…
  • Une disposition particulière est également prévue pour une durée maximale de 5 ans pour les cultures pérennes, la production de semences et la recherche agronomique.
  • Lors du processus de certification, les opérateurs mixtes sont identifiés car la mixité entraîne un renforcement des mesures de contrôles.

Pour les entreprises de transformation (non spécialisées bio), des garanties de non-mélange à tous les stades sont exigées pour éviter une éventuelle pollution ou contamination. Cela se traduit notamment par :

  • un stockage des matières premières et des produits finis bio dans un endroit clairement identifié,
  • une fabrication par séries complètes bio, séparées physiquement ou dans le temps des opérations sur les produits conventionnels,
  • une comptabilité qui distingue bien les achats, ventes et stocks de produits bio et non bio.

Pourquoi les pratiques spécifiques de l’agriculture bio permettent-elles de diminuer les teneurs en nitrate ?

L’introduction de culture de légumineuses dans les rotations et l’apport de matières organique aident à réguler la fertilité des sols et limitent le passage de l’azote dans l’eau sous forme de nitrates.

La fertilisation des sols en agriculture biologique est effectuée grâce aux engrais organiques. L’azote d’origine organique se lie aux argiles du sol et est ainsi libéré de façon progressive sous forme de nitrates solubles : les risques de lessivage sont donc réduits.

La pratique des cultures d’engrais verts, la forte présence de prairies réduit également le risque de lessivage des nitrates.

Ainsi, selon le rapport de l’Itab, plusieurs études concordent sur un moindre lessivage des nitrates en agriculture biologique. Alors que ce même rapport conclut également au fait « qu’une réduction à la source des pollutions agricoles est bien moins onéreuse qu’un traitement des eaux avant distribution », la présence de parcelle en agriculture biologique dans les zones de captage d’eau constitue donc l’un des leviers les plus efficaces pour reconquérir et préserver la qualité de l’eau.

De nombreux sites en France se sont engagés. Vous pouvez les consulter sur le site « Eau et Bio ».

Les traitements naturels utilisés en agriculture biologique sont-ils toxiques ?

Les produits de traitement utilisés en agriculture biologique sont autorisés par le règlement européen et sont listé à l’annexe II du règlement.

35 substances actives sont autorisées et peuvent être regroupées en différentes catégories:

– des substances actives d’origine animale ou végétale (Cire d’abeille, huiles végétales, substances de base)
– les micro-organismes utilisés dans la lutte biologique et des substances issues
– d’autres substances comme le cuivre utilisé pour protéger certaines cultures des maladies fongiques et d’autres substances naturelles comme le savon noir, des argiles, l’hydroxyde de sodium, le bicarbonate de potassium…)

Ces substances d’origine naturelle, à l’exception de celles utilisées dans les pièges, ne sont pas forcément « sans danger ». Toutefois, il faut remettre en perspective le décalage de dangerosité entre les produits utilisables en bio et les pesticides chimiques de synthèse. Les substances utilisées en bio, à l’exception du soufre et du cuivre, se dégradent plus rapidement que les produits de synthèse sous l’effet de la pluie, de la lumière et de la chaleur. De ce fait, on trouve moins de résidus dans la nature.

Tous les herbicides sont interdits dans la culture en agriculture biologique. La lutte contre les plantes indésirables s’effectue par la rotation des cultures, les procédés mécaniques de travail du sol et le désherbage thermique.

L’agriculture biologique va dans le sens de la recherche, de l’innovation pour améliorer les techniques de lutte contre les insectes et le développement d’épidémie par anticipation au lieu d’utiliser des produits de traitement.

L’agriculture biologique utilise-t-elle des pesticides ?

La prévention est au cœur des pratiques de l’agriculture biologique pour éviter des dommages aux cultures causés par les ravageurs, les maladies, les mauvaises herbes. L’agriculture biologique privilégie donc :

– des variétés de semences spécifiquement sélectionnées pour l’agriculture biologique pour leur résistance aux maladies ;

– des techniques culturales spécifiques : rotation des cultures, procédés thermiques ;

– des techniques mécaniques pour lutter contre les mauvaises herbes : travail du sol, désherbage thermique, paillage, solarisation ;

– des alternatives biologiques pour lutter contre les organismes nuisibles.

Ce n’est qu’en cas de menace avérée pour une culture et seulement pour cette raison (aucun herbicide n’est autorisé pour lutter contre les mauvaises herbes), qu’un produit de traitement phytopharmaceutique peut être utilisé. Ces produits, tous d’origine naturelle, à l’exception des pièges autorisés pour la mouche des fruits, doivent être autorisés par le règlement européen encadrant l’agriculture biologique et bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché délivrée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)

L’agriculture biologique utilise-t-elle des engrais pour favoriser la croissance des végétaux ?

La fertilité des sols en agriculture biologique est assurée par les pratiques culturales qui préservent et même accroissent la matière organique des sols et améliorent leur stabilité. Les techniques régulièrement utilisées sont :

-La rotation des cultures : des rotations longues et diversifiées permettent de minimiser le développement de maladies et des plantes indésirables.

– L’épandage d’effluents d’élevage provenant en priorité d’exploitations conduites en bio ou de matières organiques.

De façon générale, dans le cadre du contrôle annuel, l’agriculteur biologique doit justifier son recours à tout intrant (produit de traitement, engrais organique) autorisé par la réglementation européenne au regard des conditions pédoclimatiques, aux cultures envisagées et aux objectifs de production réalistes.

Qu’est-ce que la rotation des cultures ? En quoi cette pratique permet-elle de régénérer le sol ?

Il s’agit d’une pratique agronomique de base qui consiste à alterner des cultures différentes (céréales, légumineuses, oléagineux…) sur la même parcelle. Cette planification de cultures peut se dérouler sur une année mais plus généralement sur plusieurs années.

La rotation pluriannuelle des cultures est inscrite dans le règlement européen d’agriculture biologique comme un des « principaux éléments du système de gestion de la production végétale biologique » pour préserver et augmenter la fertilité et l’activité biologique du sol ainsi que prévenir des dégâts causés par les ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes.

La diversité des cultures sur une même parcelle permet de s’assurer d’une utilisation cohérente des ressources nutritives du sol car les plantes ont des besoins nutritifs différents et variés qu’elles vont puiser dans les différentes couches du sol.

Ainsi, par exemple, une prairie permet d’enrichir le sol en matière organique, de stimuler l’activité biologique et d’améliorer la structure au sol. Les cultures de légumineuses permettent d’enrichir le sol en azote. Au contraire, certaines cultures sont exigeantes en éléments nutritifs.

Qu’est ce qui garantit que les produits bio importés sont bien contrôlés ?

Pour être commercialisés en tant que tels, les produits biologiques importés dans l’Union européenne doivent être conformes aux règles de production et soumis aux dispositions de contrôle prévues par la règlementation européenne.

La Commission européenne a établi une liste de pays tiers et d’organismes de contrôle appliquant des règles de production et des dispositions de contrôle équivalentes à celles prévues par la règlementation bio européenne.

Les produits importés doivent en outre être couverts par un certificat délivré par un organisme de contrôle agréé dans l’Etat membre où se situe l’importateur.

Pourquoi est-il possible de trouver des traces de pesticides dans les produits bio ?

Les professionnels de la bio ne peuvent, pour le moment, pas garantir de vendre des produits totalement exempts de résidus de pesticides chimiques de synthèse, notamment en raison de la trop faible proportion de surface bio en France (10,5% des terres agricoles) .

De plus, des polluants sont encore présents notamment dans les sols et dans l’eau pour de nombreuses années, quand bien même ils ne sont plus utilisés.

En revanche, les agriculteurs bio s’engagent à mettre tout en œuvre pour se protéger des contaminations environnementales par :

– la plantation de haies, le respect de distances de séparation entre cultures, réalisation d’analyses…

– un contrôle rigoureux de leurs produits (au moins un contrôle par an obligatoire sur site et des contrôles inopinés). Ces contrôles peuvent conduire à des déclassements en cas de détection de traces de pesticides.

Chaque année, l’autorité européenne de sécurité des aliments l’EFSA ( European Food Safety Authority) présente son plan de suivi des résidus de pesticides sur les produits agricoles et alimentaires, publie leurs niveaux de contamination aux résidus de pesticides y compris dans les produits bio.

Le respect du cahier des charges bio a un impact direct sur les résidus de pesticides que l’on peut détecter sur le produit final. Si des résidus sont détectés dans 42 % des aliments en France, en bio le taux est de 12%. https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/sp.efsa.2021.EN-6487

Une étude du FIBL fait un état des lieux de la littérature scientifique sur les voies de contamination involontaires des aliments biologiques par des pesticides synthétiques en Europe :  contamination croisée par le ruissèlement, par l’air, croisement avec des produits traités dans les installations de transport, de stockage ou de transformation, dérive de pulvérisation et sol contaminé. Les sols gérés biologiquement présentent moins de pesticides et des niveaux de résidus de pesticides plus faibles que les sols gérés conventionnellement. Les concentrations de résidus sont inférieures de 70 à 90 % dans les sols gérés biologiquement. . https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749122013306.

En Europe 455 substances pesticides sont approuvées (en 2021) dans le règlement 1107/2009  substances . Le règlement Bio en autorise seulement 59, soit environ 13%. En France 10,5% des surfaces sont cultivées en bio avec 87% des produits chimiques autorisés qui sont interdits par le cahier des charges des charges

Enfin, l’agriculture biologique ne se résume pas à la non utilisation de produits chimiques de synthèse, c’est un changement de paradigme de l’agriculture dans la façon de cultiver avec des rotations plus importantes et plus longues, des méthodes de prévention…. La préservation de l’environnement est au cœur des pratiques de l’agriculture biologique et son impact positif est d’ailleurs reconnu par de nombreuses études dont la revue réalisée par l’ITAB et l’INRA, « Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique ».

 

En savoir plus : Alimentation Bio : des professionels engagés des produits contrôlés

Les produits bio de supermarchés sont souvent critiqués. Peut-on faire confiance à ces produits ?

Depuis 2014, la consommation de produits bio a fortement augmenté. En 2015, 9 Français sur 10 (89%) consomment bio, au moins occasionnellement, alors qu’ils n’étaient encore que 54% en 2003. 65% des Français en consomment régulièrement, au moins une fois par mois, contre 37% en 2003, selon les chiffres du baromètre Agence Bio/CSA.

Pour répondre à cette demande, les circuits de distribution se sont développés et les rayons bio des grandes surfaces également. D’ailleurs, certaines enseignes sont à l’origine de démarches de contractualisation et de planification avec des producteurs français, ce qui contribue à la structuration de filières biologiques sur les territoires.

Dans la mesure où il est certifié comme tous les autres produits, un produit bio sous marque de distributeur offre les mêmes garanties quel que soit le lieu d’achat.

Quelle différence entre le logo AB et le logo bio européen ?

La présence sur l’étiquetage du logo bio européen (encore appelé Eurofeuille) assure le respect du règlement sur l’agriculture biologique de l’Union européenne. Depuis le 1er juillet 2010, l’utilisation de l’Eurofeuille est obligatoire pour les denrées alimentaires pré-emballées d’origine  européenne  remplissant  les conditions d’usage. Il reste facultatif pour les denrées alimentaires importées.

Le logo bio européen doit être systématiquement accompagné de précisions sur le lieu de production des matières premières agricoles composant le produit (Agriculture UE ou Agriculture non UE). La référence de l’organisme certificateur est également obligatoire et se présente, pour les productions françaises, sous la forme FR-BIO-00 .

La marque AB est facultative et peut être utilisée en complément du logo bio européen. Elle est également utilisée sur les productions ne relevant pas du règlement européen mais d’un cahier des charges français (par exemple les aliments pour animaux de compagnie, les produits d’élevage de lapins ou d’escargots…).

 

Pourquoi les produits bio sont-ils plus chers ?

Il s’agit d’un mode de production qui nécessite plus de main d’œuvre et peut présenter des rendements plus faibles.

Ce surcoût peut être diminué par l’achat de produits bruts, de saison et locaux. D’ailleurs, l’Agence Bio et ses partenaires participent à la structuration de filières bio du producteur au distributeur dans le but d’apporter au consommateur des produits de qualité au prix juste tout en assurant une rémunération juste du producteur.

En outre, l’observatoire des prix de l’association familles rurales indique en 2017 qu'”il est possible de trouver du bio moins cher que certains produits conventionnels.”  L’association précise qu’en moyenne le lait, les œufs et le jus d’orange coûtent près de 35% plus cher en bio. Cependant, « le bio de premiers prix est systématiquement moins cher que son homologue conventionnel en marques nationales. ”